Collège tantrique de Gyumé, Hunsur, Karnataka, Inde, 17 février 2025 - Ce matin, les moines s’étaient rassemblés dans le temple du Collège tantrique de Gyumé en entonnant le mantra du nom de Sa Sainteté le Dalaï Lama : Om Ah Guru Vajradhara Bhattaraka Manjushri Vagindra Sumati Jnana Shasana Dhara Samudra Shri Bhadra Sarva Siddhi Hum Hum. Lorsque Sa Sainteté entra dans le temple et se dirigea vers le trône, ils commencèrent à chanter le verset de Mig-tsé-ma à la gloire de Djé Tsongkhapa.
La cérémonie commença par l'offrande d'une khata (une écharpe de soie) par l'abbé du monastère, Guéshé Ngawang Sangyé. Ce dernier la déposa avec attention sur la table devant le trône de Sa Sainteté avant de s'asseoir. Le maître de chant dirigea la récitation de la louange à Jetsun Shérab Sengué.
Pour commencer, le Collège tantrique de Gyumé remit à Sa Sainteté — que les moines considèrent comme leur maître et le gardien des traditions des enseignements et des pratiques de Gyumé Dratsang — un prix de « Maître de la tradition des soutras et des tantras du Collège tantrique de Gyumé », sous la forme d'une roue flamboyante faite d'or et d'argent. Ce prix fut décerné avec la dédicace suivante :
« Depuis le rétablissement de ce monastère en exil, Votre Sainteté a bien voulu s'occuper de nous. Vous avez non seulement encouragé l'étude et la pratique de notre programme traditionnel, mais vous nous avez également incités à mieux nous familiariser avec la science moderne.
« Votre Sainteté a donné des enseignements sur les trois principales pratiques tantriques Guélougpa de Gouhyasamaja, Héruka Chakrasamvara et Yamantaka, les Quatre Classes de Tantra, les Quatre Fondements de la pleine conscience ainsi que d'autres sujets. Il nous est impossible de vous rendre ne serait-ce qu'une infime partie de votre bonté. Vous nous avez également donné des enseignements profonds et des instructions fondamentales concernant le Collège tantrique de Gyumé. Les soins que vous nous avez prodigués sont comparables à ceux d'une mère qui s'occupe de son enfant. En cela, nous, les moines du Collège tantrique de Gyumé, vous remettons ce prix en reconnaissance de notre maître. »
Vint ensuite un verset, que Sa Sainteté a composé à la demande du monastère, et qui sera inclus dans la prière de la lignée du monastère :
Je fais des supplications à vos pieds, ô Tenzin Gyatso
Détenteur inégalé du Lotus,
Qui révèle l'excellente voie du Roi des Tantras, Gouhyasamaja,
Le joyau précieux le plus sublime des trois mondes de l'existence.
Alors que l'abbé de Gyumé offrait à Sa Sainteté un coussin marqué d'un vajra croisé, ce verset fut prononcé :
Que tous les êtres atteignent l’Éveil
et acquièrent rapidement ces trônes :
Le trône de l’éléphant, symbolisant la possession des dix pouvoirs,
Le trône du lion, symbolisant l’intrépidité,
Le trône du cheval indiquant la rapidité,
Le trône du paon, qui symbolise la possession des dix pouvoirs d’assujettissement,
Le trône du garuda, représentant la capacité sans entrave,
Le trône de joyaux, source d'accomplissement des souhaits,
Le trône du lotus, qui représente l'absence de défauts,
Le trône du soleil et de la lune,
et de la claire-lumière naturelle.
Om siddhi raja yé svaha
Khédup Djé a ensuite récité des vers à la gloire de Djé Tsongkhapa, intitulé Le plus glorieux des trois mondes. Vient ensuite un Éloge du Bouddha - Le Lion sans égal des Shakyas, qui commence ainsi :
Indra, roi des dieux,
Son ennemi, le chef des Asuras,
Pramudita, roi musicien céleste,
Les rois des nagas et les grands rishis
Ornent vos pieds de lotus avec les joyaux de leurs couronnes.
Votre corps glorieux baigne dans la splendeur de son éclat d’or,
Doté d’une voix qui n'a rien à envier aux mélodies des musiciens célestes,
L’esprit plus brillant que dix millions de soleils,
Guide suprême pour une infinité d'êtres vivants,
Vous êtes le parangon des Shakyas.
La lune et les étoiles dans une nuit sans nuage
Apparaissent cristallines au milieu d'un lac,
Ainsi dans les eaux claires de mon esprit serein
Vos qualités se reflètent une à une.
Et se termine :
On ne peut trouver dans vos actes
La moindre trace de négligence ou d'indifférence
À l'égard d'un seul disciple.
C'est donc par mes seules fautes,
Que je suis devenu si malheureux,
Car aucun défaut ne saurai vous appartenir.
C'est pourquoi, jusqu'à ce que sous l'arbre de la bodhi
J'émerge victorieux des armées de Mara,
Je prie pour que vous preniez soin de moi vie après vie
Et de ne jamais me lasser de vos paroles semblables à du nectar.
Du thé fut distribué, offert et béni avec des vers composés par Gendun Gyatso, le deuxième Dalaï Lama :
Le Prince de Suddhodana, guide inégalé des êtres,
Manjushri, le maître de la sagesse,
Et Ajita (Maitreya), le maître de l'amour et de la compassion
Je vous prie, bénissez-moi.
L'émanation du Seigneur Amitabha, l'omniscient Dipankara
Qui fut le joyau de la couronne en ces temps dégénérés,
Le conquérant Dromtönpa, l'émanation du Seigneur Avalokiteshvara,
Veuillez accepter cette offrande de nectar non contaminé.
Tsongkhapa, émanation de Manjushri,
L'unique père de tous les bouddhas
Soyez pleinement satisfait du nectar de grande félicité
S'écoulant des nuages projetés par vos bénédictions compatissantes.
Manjushri, seule et unique source des bouddhas,
Mon refuge éternel,
Je vous prie de résider dans le lotus de mon cœur
Acceptez ces incommensurables offrandes d’ambroisie.
Mon propre corps étant de la nature de la déité,
Bien que ne s’attachant pas au nectar aux cent saveurs.
Quelle grande félicité que celle dont je jouis sans entrave !
Emaho ! Comme c'est merveilleux ! Comme c’est précieux !
Du riz fut distribué et une prière invoquant les multiples manifestations d'Avalokiteshvara (Chenrezig), en Inde et au Tibet, ainsi que les rois, les érudits, les traducteurs et les êtres éminents tels que Drontönpa, Sachen Kunga Nyingpo, Sangyé Gompa, sans oublier Gendun Drup et la lignée des Dalaï Lamas, fut prononcée. Ensuite, un verset faisant l'éloge de Sa Sainteté l'actuel Dalaï Lama fut récité :
Ayant parfait le discours de l'Héroïque Manjushri,
Votre excellente sagesse, aussi vaste que l'océan,
Soutient l'enseignement du Vainqueur.
Vous êtes le protecteur souverain du triple monde ;
Ô Seigneur incomparable, je vous prie !
Une longue offrande de mandala fut exécutée pour demander à Sa Sainteté le Dalaï Lama de vivre longtemps, suivie d'une récitation de la prière pour la longue vie de Sa Sainteté composée par ses deux tuteurs. Une offrande de Tsog appelée Tsarou Ganachakra fut bénie selon le système tantrique de Gouhyasamaja et offerte dans le contexte du tantra de Gouhyasamaja.
Sa Sainteté s'adressa à l'assemblée :
« Puisque cette prière pour ma longue vie se tient ici, au Collège tantrique de Gyumé, je vais transmettre aux lamas de la lignée un verset à inclure dans la prière, comme on me l'a demandé.
« L'enseignement complet du Bouddha s'est répandu au Tibet. Il a ainsi été pratiqué sans interruption dans sa transmission jusqu’à aujourd’hui. Les collèges tantriques de la tradition Guéloug en particulier l'ont préservé.
« En ce qui me concerne, après avoir reçu des enseignements, je me suis vraiment intéressé à l'étude intensive du tantra de Gouhyasamaja sur la base des écrits de Djé Tsongkhapa.
« Dans les collèges tantriques de Gyutö et de Gyumé, l'étude du Gouhyasamaja fait partie du programme d'études standard, ce qui a permis de maintenir cette tradition vivante jusqu'à aujourd'hui.
« On m'a demandé d'assurer aujourd’hui la transmission orale d'un texte intitulé Une instruction guidée directe sur la façon de pratiquer les cinq étapes du Gouhyasamaja en une seule session. Après une salutation au Maître du tantra de Gouhyasamaja, inséparable de votre propre Lama, ainsi que son engagement de composer le texte, l'auteur donne deux divisions majeures de l'enseignement :
(1) Les pratiques préliminaires et (2) la pratique réelle (des cinq étapes du stade de complétude du Gouhyasamaja).
1. Les pratiques préliminaires comportent deux parties :
1a) La purification des négativités, des karmas et des obstacles (à la pratique réelle) par la méditation et la récitation de la sadhana de Vajrasattva
1b) Réunir les conditions propices à l’accumulation de mérites par la pratique du Yoga du maître. »
Aujourd'hui, Sa Sainteté a abordé la section 1a). Il a expliqué comment purifier les négativités par la méditation de Vajrasattva et la récitation de son mantra de 100 syllabes. La deuxième partie des pratiques préliminaires et le reste du texte n'ont pas été abordés lors de cette visite au monastère de Gyumé.
Sa Sainteté a souligné l'importance de méditer sur la vacuité imprégnée de bodhichitta.
« Quel que soit l'objet sur lequel vous méditez, vous devez penser qu'il est vide d'existence inhérente. Cela inclut vous-même et tout le reste, vos amis et ainsi de suite. Vous devez avoir l'intention pure et compatissante d'aider tous les êtres sensibles, de purifier les négativités, de méditer sur la vacuité et de vous engager dans la pratique du yoga de la déité.
« Nous récitons ces sadhanas tous les jours. La chose importante à garder à l'esprit est que le but de la pratique de la sadhana est d'intégrer la pratique à l'intérieur de soi. Autrement dit, nous devrions faire n'importe quelle pratique avec un cœur sincère. Si nous ne réfléchissons pas sérieusement à la manière dont nous pratiquons, cela devient simplement une autre routine. C'est tout ce que je voulais dire aujourd’hui. » Les paroles de Sa Sainteté ont été applaudies par l’assemblée.
Un mandala d'action de grâce fut offert, suivi de la prière pour la longue vie de Sa Sainteté en un seul verset :
Dans le pays des neiges
Vous êtes la source de tout bienfait et de tout bonheur ;
Avalokiteshvara tout-puissant, Tenzin Gyatso,
Veuillez demeurer jusqu'à la fin de l'existence cyclique.
Enfin, après la récitation de la Louange d'Amitayus et de la Prière pour l'épanouissement de l'enseignement, les Versets auspicieux du tantra de Gouhyasamaja furent récités.