Thekchèn Tcheuling, Dharamsala Inde – La diffusion sur le web des préliminaires à l'initiation d'Avalokiteshvara commença aujourd'hui, Sa Sainteté effectuant discrètement les procédures préparatoires nécessaires à sa résidence. Plusieurs moines de sa maison apportèrent leur aide en fonction des besoins. À droite de Sa Sainteté se trouvait le petit pavillon du mandala. Derrière ce pavillon se trouvait une statue d'Avalokiteshvara aux 1 000 yeux et 1 000 bras. À cette occasion, de chaque côté de la caméra devant lui, se trouvaient de grands écrans sur lesquels Sa Sainteté pouvait voir des lamas et des amis de différentes parties du monde.
Une fois prêt, Sa Sainteté expliqua la situation : « De nombreuses personnes concernées ont demandé si je pouvais donner une initiation d’Avalokiteshvara en cette période. C'est pourquoi je le fais sur Internet. L'année dernière aussi, lorsque j'ai donné une telle initiation, elle a été diffusée sur le web et j'ai entendu dire que les gens au Tibet furent capables de la suivre. En outre, en préliminaire au cycle d'enseignements de Manjoushri que j'ai commencé à Bodhgaya et terminé à Mundgod, j'ai donné une initiation de Vajrabhairava à laquelle les fidèles pouvaient accéder par Internet.
« Si vous avez l'intention de recevoir cette initiation et que j'ai l'intention de la donner de cette manière, je suis sûr que vous la recevrez. Avalokiteshvara est l'incarnation de la compassion. Si vous le priez et vous engagez dans sa pratique, cela vous aidera à accroître votre compassion. Il est dit que les bodhisattvas se concentrent sur l'éveil avec sagesse et sur les êtres avec compassion.
« Parmi les sept milliards d'êtres humains, aucun ne cherche la souffrance ; nous cherchons tous le bonheur. Et pourtant, si nous regardons les nouvelles à la télévision, nous voyons des cas de discrimination raciale et de personnes qui semblent prendre plaisir à tuer. En plus de ces discriminations raciales, comme le cas de l'Afro-Américain de Minneapolis tué par la police, il y a aussi des cas de discrimination religieuse.
« Les scientifiques déclarent que c'est dans la nature humaine d'être compatissant, mais même les insectes survivent en dépendance de la compassion. Tous les êtres vivants qui éprouvent des sentiments de plaisir et de douleur survivent en fin de compte grâce à l'amour et la compassion. Si nous, les êtres humains, nous nous aidons, nous nous rendons service les uns les autres avec compassion, nous serons heureux. Si, au contraire, nous nous laissons emporter par la colère et la jalousie, nous serons malheureux.
Sa Sainteté résuma ses quatre principaux engagements. Premièrement, il s'est engagé à aider les êtres humains à être heureux. Il répéta que si vous êtes chaleureux, vous serez heureux, mais que si vous êtes constamment en colère et jaloux, vous ne le serez pas. C'est pourquoi il encourage les gens à cultiver l'amour, la compassion et la bodhicitta. L'amour et la compassion, dit-il, sont bénéfiques à tous les êtres.
Il souligna que, du fait du développement matériel et de l'éducation moderne, les gens recherchent généralement le bonheur dans les choses extérieures, mais négligent leur esprit. Le bonheur véritable et durable dépend de notre capacité à apprivoiser notre esprit indiscipliné. Il ne s'agit pas tant de développement intellectuel que de cultiver un cœur chaleureux. Lorsque les êtres humains ont un cœur chaleureux, ils aident les autres et eux-mêmes.
Sa Sainteté fit remarquer que la véritable raison pour laquelle il donne cette initiation d’Avalokiteshvara, c’est pour encourager l'épanouissement de la compassion.
En s’intéressant aux autres traditions religieuses, il a observé qu’elles cherchent toutes à inspirer leurs adeptes à développer des qualités telles que l'amour et la compassion, la tolérance et l'autodiscipline. Par conséquent, l'harmonie et le respect entre elles devraient venir naturellement. Cependant, prêcher l'amour et la compassion tout en alimentant le conflit avec les autres contredit cette affirmation. Sa Sainteté déclara qu'il s'engageait à promouvoir l'harmonie interreligieuse. Il cita l'Inde, où les traditions spirituelles indigènes vivent en bonne entente aux côtés de celles qui sont originaires d’ailleurs, et c’est un exemple qui montre que l'harmonie interreligieuse est possible.
« Je suis tibétain, poursuivit Sa Sainteté, et les Tibétains placent leur espoir en moi – ils me font confiance. Un jour, j'étais en Assam, volant dans un petit avion au milieu d’une tempête, et j'ai senti que j'étais en danger. Je me rappelle m’être dit : "Qu'arrivera-t-il aux six ou sept millions de Tibétains si je meurs ?"
« Nous avons perdu notre pays et certains d'entre nous ont dû vivre comme des réfugiés. Pour nous, cela a été comme une bénédiction déguisée. Nous vivons sur cette terre sacrée où le Bouddha a vécu et enseigné, et où Nagarjouna et ses disciples vinrent après lui. L'Inde est la source originelle de toutes nos connaissances. C'est une démocratie. C'est là que j'ai fait la connaissance du Pandit Nehru. Par la suite, de nombreux dirigeants indiens ont été mes amis.
« Ici en exil, beaucoup d'entre nous vivent dans les centres d'études monastiques rétablis dans le sud de l'Inde. Je peux voir le Gandèn Tri Rinpoché sur l'écran devant moi. Vous tous, moines et nonnes, vous êtes les gardiens de la tradition de Nalanda. Dans les discussions et les échanges que nous avons eus avec les scientifiques, nous avons pu, grâce à nos connaissances, apporter notre contribution au monde entier. Par votre étude et votre pratique, vous rendez un service non seulement à notre culture et à notre peuple, mais aussi à l’ensemble de l'humanité.
« Depuis que Shantarakshita nous a apporté la tradition bouddhiste, la tradition de Nalanda, il y a plus de mille ans, nous l'avons maintenue vivante – c’est une part inestimable du patrimoine culturel de l'humanité. Même ceux qui ne s'intéressent pas à la pratique religieuse peuvent bénéficier des connaissances qu'elle préserve. Lorsque nous sommes arrivés en exil, les gens appelaient encore notre tradition "lamaïsme". Thurman et Berzin là-bas (il fait signe à l'écran devant lui) savent tout cela. C'était comme si tout ce qui comptait, c'étaient les lamas et leurs chapeaux. Aujourd'hui, les gens savent que notre tradition est la tradition de Nalanda, fermement enracinée dans les traditions indiennes.
« Et bien que l'éducation moderne en Inde ait tendance à se concentrer sur des objectifs matérialistes au détriment de la connaissance intérieure, de nos jours, on s'intéresse de plus en plus à l’ancien savoir indien et à sa compréhension du fonctionnement de l'esprit et des émotions.
« Donc, je vais donner cette initiation d’Avalokiteshvara en raison du besoin de compassion dans le monde d'aujourd'hui. »
Lorsqu'il commença les rites préliminaires, qui comprennent la préparation des disciples, Sa Sainteté fit remarquer qu'il est de coutume, au début, d'offrir un gâteau rituel pour chasser les forces qui font obstacle. Il déclara qu'il ne suit plus cette procédure depuis qu'il a compris qu'il y a une contradiction entre le fait de déclarer, le matin : "ayant développé l'aspiration à l’éveil suprême, j'inviterai tous les êtres comme mes hôtes", tout en les chassant un peu plus tard dans la journée.
On put apercevoir le Gandèn Tri Rinpoché, à l'écran en face de Sa Sainteté, offrant un mandala et les trois représentations du corps, de la parole et de l'esprit de l'éveil.
« Historiquement, on dit que le Tibet est la terre qui doit être disciplinée par Avalokiteshvara, observa Sa Sainteté. Depuis l'époque de Songtsèn Gampo et Trisong Detsèn, de nombreux grands maîtres et dirigeants ont eu des liens avec Avalokiteshvara. Il est la divinité protectrice du Tibet.
« Le grand cinquième Dalaï-Lama a un jour rassemblé des statues, connues sous le nom des trois frères d'Avalokiteshvara, lorsqu'il dirigeait une retraite. L'une de ces statues, appelée Wati Sangpo ou Kyirong Djowo, était sous la garde des moines du monastère de Dzongkar Tcheudé. À la suite des troubles au Tibet, ils réussirent à la sortir du Tibet vers le Népal et à me l'apporter plus tard ici à Dharamsala.
« Lorsque Dzongkar Tcheudé a finalement été rétabli dans le sud, j'ai fait une divination pour savoir si la statue devait partir avec eux ou rester ici. La réponse fut qu'elle reste ici. Une chose que j'ai remarquée, c'est que l'expression de son visage change selon les circonstances. J'ai aussi rêvé que je lui parlais et lui demandais s'il avait une réalisation de la vacuité, une réalisation directe de la vacuité, et il m'a répondu oui.
« Alors que je donne cette initiation d’Avalokiteshvara aux mille yeux et mille bras, le plus important est d'avoir une motivation pure. »
Sa Sainteté prononça les vœux d'un pratiquant laïc, suivis des vœux de bodhisattva, et guida son auditoire à travers les différentes visualisations de l'initiation. À la fin de cette session préliminaire, il dit qu'il donnerait l’initiation proprement dite demain. Il mentionna également que le professeur Robert Thurman lui avait demandé d'accorder la permission d’Avalokiteshvara Singhanada (Rugissement du Lion) et qu'il avait accepté de la donner.