Bodhgaya, Inde – La lumière dorée du soleil inondait le Stoupa Mahabodhi alors que Sa Sainteté le Dalaï Lama quittait le monastère Gandèn Phelgyeling pour le terrain Kalachakra ce matin. Pendant sa marche de la porte à la scène, il s'arrêta fréquemment pour sourire et saluer les groupes de personnes qui s'étaient rassemblés pour le voir. De la scène, il put voir la foule jusqu'aux murs tout autour et leur fit signe à tous. Il salua les maîtres importants autour du trône, mais fit également attention aux moines âgés et aux jeunes toulkous avant de prendre place.
Une douzaine de moines et de moniales vietnamiens chantèrent le Soutra du cœur avec sincérité dans leur langue maternelle. Ils furent suivis par dix moines du monastère bouddhiste du Bangladesh qui récitèrent le Mangala Soutta en pali. Un troisième groupe, qui récita une fois de plus le Soutra du cœur, était composé de moniales et de moines coréens. Les membres d'une famille qui parraine les événements d'aujourd'hui offrient un mandala et trois représentations du corps, de la parole et de l'esprit du Bouddha.
« Aujourd'hui, puisque je vais donner une initiation d’Avalokitéshvara, conseilla Sa Sainteté, pendant que je termine les rituels préparatoires, il serait bon que vous récitiez tous le mantra de six syllabes, Om mani padmé houng. »
Quand il commença à pleuvoir, Sa Sainteté demanda à un groupe de guéshés de venir s'asseoir devant lui et exhorta le public à se serrer pour s'abriter du mieux qu'il pouvait.
« Aujourd'hui, dans ce lieu extraordinaire où le Bouddha s'est éveillé, nous nous souvenons de lui, de ses sept successeurs, de Nagarjouna et de ses disciples, ainsi que d'Asanga et de son frère. Nous avons encore accès à l'héritage des enseignements bouddhistes à travers les écrits de ces grands maîtres.
« De grands progrès ont été réalisés en termes de développement matériel, pour notre santé et notre confort physique, mais ils n'apportent pas la paix à notre esprit perturbé. Le bonheur se trouve essentiellement à l'intérieur. Nous pouvons prendre plaisir aux spectacles et autres divertissements, mais dès que le spectacle est terminé, les plaisirs s'arrêtent. C'est vrai aussi pour le plaisir d’une belle musique. Au lieu de se fier à l'expérience sensorielle, nous ferions mieux de trouver comment calmer nos états d'âme perturbés.
« Différentes traditions religieuses ont profité à des millions de personnes au cours des siècles. Ceux qui croient en Dieu le prient lorsqu'ils sont confrontés à des difficultés. Cela leur donne de l'espoir. En Inde, il y a aussi des traditions comme les samkhyas, les jains et les bouddhistes non théistes qui visent la paix intérieure sur la base de la compréhension du fonctionnement de l'esprit et des émotions.
« Le bouddhisme parle de 51 facteurs mentaux, qui comprennent cinq facteurs mentaux omniprésents, cinq facteurs mentaux liés à l'objet, onze facteurs mentaux vertueux, six perturbations fondamentales, vingt perturbations secondaires et quatre facteurs mentaux variables. La tradition de Nalanda explique la psychologie sur la base de la logique et de la raison, ce qui la rend attrayante et intéressante pour les scientifiques modernes. »
Sa Sainteté annonça qu'il allait prononcer les vœux de bodhisattva en s'appuyant sur le rituel du chapitre sur l'éthique du texte d'Asanga, les Terres du bodhisattva (Bodhisattvabhoumi). Il dit à l'audience que cette approche particulière avait décliné et qu'il avait souhaité la restaurer. Elle permet de faire le vœu devant une image du Bouddha. En conséquence, il a demandé à son tuteur principal, Ling Rinpoché, de faire le nécessaire. Rinpoché fit d'abord le vœu devant l'image dans le stoupa Mahabodhi et le donna ensuite à Sa Sainteté. Serkhong Rinpoché officia en tant que préposé à la cérémonie et lorsque celle-ci fut terminée, lui et Sa Sainteté ont tous deux pleurèrent de joie.
« Cultiver la bodhicitta est ma pratique la plus importante, déclara Sa Sainteté. Les bodhisattvas observent les êtres et se concentrent sur l'obtention de l’éveil. Le vœu peut être fait devant une image du Bouddha, ou par un enseignant qui la possède. La bodhicitta est une cause universelle de paix parce que la paix dans le monde exige que nous soyons en paix à l'intérieur.
Lorsque leurs dirigeants créent un conflit entre "nous" et "eux", les gens ordinaires souffrent de leur manque de protection. En tant qu'êtres humains, la compassion profite à tous.
« Je suis constamment conscient de la bodhicitta qui amène un état d'esprit pacifique. Être altruiste, c'est être utile. Si vous avez un cœur chaleureux, vous aurez plus d'amis. L'intimidation et l'exploitation font fuir les gens. Prendre et garder le vœu de bodhisattva renforce notre détermination à nous engager dans les pratiques d'un bodhisattva. Observer l'éthique de ce vœu, même pour une journée, est immensément bénéfique.
« Je me souviens avoir le vœu de bodhisattva même dans mes rêves. Il n'y a pas de plus grand facteur contribuant à la paix et au bonheur dans le monde. »
Une fois la cérémonie pour conférer le vœu de bodhisattva terminée, Sa Sainteté commença l’initiation d'Avalokitéshvara. Ensuite, il souligna le lien karmique spécial entre les Tibétains et Tchènrézi. Il mentionna également la rareté du vajrayana, notant que Bouddha Shakyamouni est l'un des trois ou quatre bouddhas de cette époque fortunée qui enseignent les tantras en plus de la voie des soutras.
Il rappela à l'auditoire qu'ils avaient reçu l'initiation avec, en tant qu’enseignement préliminaire, la lecture hier des Trente-sept pratiques des bodhisattvas. Aujourd'hui, il leur a donné le vœu de bodhisattva selon le chapitre éthique des Terres du bodhisattva d'Asanga. Il conseilla aux gens de suivre ce vœu en entreprenant une retraite. Il les encouragea également à lire l’Entrée dans les pratiques du bodhisattva de Shantidéva, en particulier le huitième chapitre qui révèle comment cultiver la bodhicitta, et le sixième qui fait un compte-rendu puissant des méthodes pour contrer la colère et la haine.
Enfin, il prononça quelques mots pour le comité d'organisation du grand festival des prières. « Ces jours-ci, leur dit-il, quand nous regardons les nouvelles, nous voyons des reportages de pauvres gens qui souffrent au Bangladesh et en Afrique. Il m'est venu à l'esprit que vous pourriez envisager de faire une contribution pour aider ces personnes à partir des fonds du festival des prières. J'ai vu et entendu des gens en Afrique et au Bangladesh, aux prises avec les conséquences d'inondations et d'incendies, plaider : "Nous sommes aussi humains. Je constate que l'UNESCO a toujours fait un travail de qualité et bénéfique sur le terrain dans de telles situations et un don à cette organisation serait bienvenu". »
Avant de retourner au monastère pour la journée, Sa Sainteté annonça qu'à partir de demain il reprendra et espère compléter le cycle d'enseignements de Manjoushri qu'il a commencé l'année dernière. Il fit remarquer qu'en tant que personne qui s'est appuyée sur le mantra de Manjoushri depuis son enfance, il est convaincu de son efficacité pour améliorer l'intelligence.