Ce matin, Sa Sainteté le Dalaï-Lama rencontra un groupe de 22 universitaires indiens participant à une conférence de trois jours sur les études tibétaines, organisée par le Tibet Policy Institute de l’Administration Centrale Tibétaine (CTA).
Sa Sainteté leur expliqua comment les traditions authentiques de l'université de Nalanda avaient été introduites au Tibet.
« Bien que les précieuses connaissances qui forment le cœur de cette tradition aient pu être oubliées en Inde, nous les avons gardées vivantes au Tibet pendant plus de mille ans grâce à une étude et une pratique rigoureuses. La tradition de Nalanda ne concerne pas seulement l'enseignement religieux. Dans sa philosophie et sa psychologie avancée se trouvent des moyens efficaces pour faire face à nos émotions destructrices. C'est une tradition profondément enracinée dans la raison et la logique. Le Bouddha conseilla à ses disciples d’examiner ce qu'il avait enseigné, ainsi de grands maîtres de Nalanda comme Nagarjouna et Chandrakirti examinèrent ses enseignements à la lumière de la raison et conclurent que certains devaient faire l’objet d’une interprétation et ne pouvaient pas être pris de façon littérale. »
Sa Sainteté fit remarquer que l’étude avec une approche analytique telle qu’elle est suivie dans les centres d’étude monastiques tibétains, en utilisant la mémorisation, le débat et la méditation, est similaire à une approche scientifique. Il dit à ses invités qu'il y a dix mille moines et mille moniales formés de cette façon dans les centres d’étude monastiques du Sud de l'Inde.
« Au cours de plus de trente années de discussions sérieuses avec des scientifiques modernes, j'ai appris grâce à eux beaucoup de choses sur le monde extérieur, et nous avons pu leur expliquer ce que nous comprenons du fonctionnement de l'esprit et des émotions.
Sa Sainteté fit de nombreux éloges de l'ancienne tradition indienne, ahimsa ou non-violence en tant que mode de conduite et karuna ou compassion, qui en est la motivation. Il fit remarquer que même avant l'arrivée du Bouddha, les pratiques de shamatha et de vipashyana, qui sont des moyens pour cultiver un esprit en un point et la vue supérieure, étaient largement observées. En effet, le Bouddha était un produit de ces anciennes pratiques indiennes.
Se référant aux plus de 300 volumes de littérature bouddhiste traduits principalement du sanskrit en tibétain, Sa Sainteté observa :
« Le contenu de ces soutras et traités peut être classé en trois catégories : science, philosophie et religion. Alors que le contenu religieux n'intéresse réellement que les bouddhistes, les contenus scientifique et philosophique peuvent être étudiés dans un contexte académique objectif. Raja Ramana, l'un des plus grands physiciens nucléaires en Inde, m'a dit un jour que même si la théorie quantique est relativement nouvelle dans le monde scientifique, on peut trouver des idées correspondantes dans les écrits de Nagarjouna.
« De nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui trouvent leur origine dans les émotions destructrices. L’ancien savoir indien sur le fonctionnement de l'esprit peut nous aider à comprendre comment gérer de telles émotions. C'est pourquoi je crois qu'il existe en Inde un grand potentiel d’effets bénéfiques par la combinaison de l'éducation moderne avec ce savoir traditionnel. »