Le 18 mars 2018
Jammu, J&K, Inde - Sa Sainteté le Dalaï-Lama est arrivé à Jammu hier par la route. Ce matin, avant de quitter son hôtel, il a rencontré brièvement des gens du Ladakh et du Zanskar. Il les a salués comme des vieux amis, rappelant que de nombreux érudits et traducteurs tibétains ont traversé cette région sur leur chemin vers l'Inde il y plusieurs siècles. Plus tard, alors que Rinchen Zangpo était encore en vie, Dipankara Atisha a traversé la région pour se rendre au Tibet à la demande du roi de Thöling.
« Bien que vous ayez maintenu en vie nos traditions bouddhistes vieilles de plus de 1000 ans, vous devez maintenant devenir des bouddhistes du 21e siècle. Cela signifie que vous devez comprendre ce que le Bouddha a enseigné, et pour ce faire, vous devez étudier. La récitation des mantras et des prières ne suffit pas. Le Bouddha a dit à ses disciples de ne rien accepter, même ce qu'il a dit, sans le vérifier et l'examiner.
« Toutes nos différentes traditions religieuses sont une source d'inspiration si l'on suit leurs préceptes avec sincérité. C'est pourquoi je les respecte et les admire. L'Inde incarne l'exemple vivant de la possibilité d'une harmonie entre nos traditions religieuses. C'est une tradition que vous gardez vivante ici au Jammu & Kashmir et je vous exhorte à la maintenir. »
Après un court trajet en voiture conduit Sa Sainteté jusqu'à l'Université centrale de Jammu dont Sa Sainteté était l'invité principal lors de la première convocation de ladite université. Il a été reçu à son arrivée à l'auditorium nommé "Gen Zorawar Singh" par le vice-chancelier, professeur Ashok Aima. Il a ensuite été escorté jusqu'à l'endroit où le corps professoral et les invités revêtaient leurs robes académiques, avant de prendre part à la procession académique dans la salle de convocation. Les procédures ont commencé par l'hymne national, une prière d'invocation chantée par les étudiants et la déclaration du registraire indiquant que la convocation était ouverte. Le vice-chancelier a lu un rapport sur les réalisations de l'Université depuis son entrée en fonction en août 2011 jusqu'à aujourd'hui.
Les candidats récompensés par un doctorat, une maîtrise et un diplôme d'études supérieures sont montés sur scène pour les recevoir, suivis par les récipiendaires des diplômes de diverses écoles.
Le premier doctorat honoris causa a été décerné à Jitendra Singh, un homme politique ayant des liens étroits avec le Jammu où il est né, qui est actuellement ministre d'État pour le développement de la région du Nord-Est, Cabinet du Premier ministre, Personnel, Griefs publics et pensions, Département de l'énergie atomique et Département de l'espace. Dans son élégant discours d'acceptation, il a noté que lorsqu'on lui avait offert de tels diplômes honorifiques dans le passé, il avait eu tendance à les refuser, mais qu'il avait accepté à cette occasion en raison de son affection pour Jammu et de ses liens étroits avec l'Université. Il a mentionné que, puisque offrir des possibilités spécialisées renforce une université, il avait recommandé que l'Université centrale du Jammu crée un département de l'espace.
Le deuxième diplôme honoris causa a été décerné au général Nirmal Chander Vij, ancien chef de l'armée. Dans des mots humbles d'acceptation, le Général a salué les étudiants dans la salle qui tiennent l'avenir de l'Inde entre leurs mains et ont déclaré qu'il appartient à Jammu et en est fier.
« Je me considère comme un étudiant de la pensée ancestrale de l'Inde parce qu'au VIIIème siècle, l'empereur tibétain a invité le maître principal de l'Université Nalanda, Shantarakshita, au Tibet pour y établir le bouddhisme. L'analyse scrupuleuse et l'utilisation de la logique qu'il nous a enseignée nous permet, à travers une étude rigoureuse, d'aiguiser notre esprit. Même le Bouddha a encouragé une attitude sceptique. Je n'ai reçu aucune éducation moderne et mon anglais rudimentaire est en grande partie autodidacte, mais dans mes conversations et mes discussions avec des scientifiques modernes, je trouve que je peux leur tenir tête et trouver des contradictions dans leurs assertions.
« L'éducation moderne est très développée, mais à elle seule, elle est incapable de réduire la violence et d'instaurer la paix. Ses objectifs matériels sont trop limités. La compétition et la colère n'apportent pas la paix, or nous avons besoin de paix dans nos cœurs. Je crois que ce serait extrêmement bénéfique d'incorporer dans l'éducation moderne la compréhension ancestrale de l'Inde du fonctionnement de l'esprit et des émotions. Tout comme nous apprenons à prendre soin de notre hygiène physique pour préserver notre santé, nous devons aussi nous intéresser à l'hygiène émotionnelle. Les anciens pratiquants de shamatha et de vipashyana, concentration et sagesse, ont appris comment maîtriser les émotions.
« Si vous, qui appartenez au XXIe siècle, faites des efforts pour combiner des éléments de la sagesse ancestrale de l'Inde avec l'éducation moderne, vous pouvez apporter une réelle contribution à la création d'un monde meilleur.
« Mes sincères félicitations à ceux d'entre vous qui ont obtenu leur diplôme et terminé leurs études. Maintenant, vous allez commencer votre vie réelle. Ce ne sera pas facile ; la vie est compliquée. Mais si vous êtes honnêtes et intègres, vous serez transparents, capables d'utiliser votre intelligence au maximum et donc en mesure de contribuer positivement au monde. »
Nombreux étaient ceux qui cherchaient à nouer le contact avec Sa Sainteté lorsqu'il quittait l'auditorium. De l'Université, il s'est rendu en voiture à l'aéroport d'où il s'est envolé pour Delhi. Tôt demain matin, il s'envolera pour Varanasi.