New Delhi, Inde, 23 avril 2018
A l’arrivée à l’Institut de gestion Lal Bahadur Shastri (LBSIM) dans la banlieue de New Delhi à Dwarka ce matin, Sa Sainteté le Dalaï-Lama a été reçu par le Directeur, le Dr DK Srivastava et le Président du Conseil des Gouverneurs Anil Shastri. Sa Sainteté, ayant connu personnellement le deuxième Premier ministre indien, s’approcha immédiatement du buste de Lal Bahadur Shastri, monté sur un piédestal devant l’Institut, pour lui offrir une écharpe blanche et lui rendre hommage.
Revêtu de la robe et du chapeau académiques, Sa Sainteté prit part à la procession dans l’auditorium. Sur le côté de la scène, il s’est joint au fils de Shastri, Anil, pour allumer une lampe cérémonielle et offrir des fleurs devant un portrait de Lal Bahadur Shastri.
Après qu’Anil Shastri a déclaré la Convocation ouverte, le directeur de LBSIM, le Dr DK Srivastava prononça une brève allocution de bienvenue et lut un rapport décrivant les succès de l’Institut. Anil Shastri s’exprima ensuite en rappelant son amitié avec Sa Sainteté. Il déclara qu’il l’avait rencontré pour la première fois en tant qu’écolier, et qu’alors il toucha ses pieds en signe de respect. Plus tard, alors qu’il était député de Varanasi, Sa Sainteté inaugura l’un de ses livres et, à une autre occasion, il présenta une conférence à la mémoire de Lal Bahadur Shastri. Récitant une citation de Sa Sainteté : « Si vous voulez que les autres soient heureux, pratiquez la compassion. Si vous voulez être heureux, pratiquez la compassion », Shastri conclut que Sa Sainteté est reconnu dans le monde entier comme un grand chef spirituel.
Les procédures formelles d’attribution des diplômes des étudiants suivirent, après quoi ils récitèrent tous à l’unisson l’engagement correspondant. Puis, lorsque le directeur Srivastava annonça leurs noms, les lauréats montèrent sur la scène où Sa Sainteté les accueillit affectueusement et leur remit à chacun une médaille et un certificat.
Appelé à prononcer le discours de la Convocation, Sa Sainteté commença en disant à Anil Shastri qu’en raison de son lien particulier avec son père, il le considérait comme un frère spécial. Il salua ensuite toutes les autres personnes présentes comme ses « Chers frères et sœurs ».
« Je commence toujours mes discours de cette façon parce que je crois qu’en réalité, les 7 milliards d’êtres humains vivants aujourd’hui sont des frères et sœurs. Nous sommes tous mentalement, physiquement et émotionnellement les mêmes. Nous voulons tous vivre une vie heureuse et joyeuse, d'ailleurs les scientifiques disent que les recherches révèlent que la nature humaine fondamentale est compatissante. Quand vous êtes chaleureux, votre santé physique s’améliore, alors que si vous êtes constamment rempli de haine et de colère, cela sape votre système immunitaire ».
Sa Sainteté a demandé aux 400 spectateurs s’ils préféraient voir un visage souriant ou fronçant les sourcils et ils ont crié « Sourire ».
« Voilà, dit-il, une preuve supplémentaire que notre nature fondamentale est paisible et compatissante. Après tout, notre vie commence par le soin de l’amour et de l’affection de notre mère.
« Aujourd’hui, bon nombre des problèmes auxquels nous sommes confrontés sont en fait fabriqués par nous-mêmes. Pourquoi ? A cause de trop de colère et de compétition, de peur et d’anxiété. C’est pourquoi nous devrions prêter une plus grande attention à la bonté aimante qui est notre nature fondamentale. Au lieu de cela, les problèmes surgissent parce que nous accordons trop d’attention aux différences secondaires entre nous - nationalité, race, couleur, foi, richesse ou pauvreté et, dans ce pays, la caste à laquelle on appartient. Il en résulte un sentiment de « nous « et « eux « , qui à son tour donne lieu à des divisions et des conflits. Par conséquent, dans notre système éducatif, nous devons promouvoir le sentiment d’unité de l’humanité.
« Cependant, l’éducation moderne, dans l’ensemble, est orientée vers des objectifs matériels. Et nous avons tendance à privilégier l’expérience sensorielle, la poursuite de plaisirs extérieurs de courte durée, plutôt que de nous intéresser à notre esprit ou à notre conscience mentale. Les anciennes traditions indiennes avaient une connaissance plus complète du fonctionnement de l’esprit, y compris une compréhension des émotions et de la façon de les gérer. De là est née la pratique de l’ahimsa motivée par karouna, la non-violence et la compassion.
« Les pratiques de développement du calme mental et de la vision supérieure - en sanskrit, shamatha et vipashyana - donnèrent naissance aux notions de soi et de non-soi. Le Bouddha n’a pas nié l’existence d’un soi, mais a expliqué qu’il n’existe qu’en tant que désignation sur la base du corps et de l’esprit. Il n’existe aucun soi en dehors de ces deux éléments.
« De nos jours, les physiciens quantiques affirment que rien n’existe objectivement et soulignent le rôle crucial de l’observateur. Mais quand on veut en savoir plus sur l’observateur, ils n’ont pas de réponses.
« Les anciennes traditions indiennes ont exposé l’existence d’émotions positives et destructrices, indiquant que ce sont les émotions destructrices qui sont les véritables fauteurs de troubles. Puisqu’ils surgissent en relation avec nos propres esprits, les gérer est notre responsabilité personnelle. Prier Dieu ou le Bouddha d’intervenir n’aura aucun effet. C’est pourquoi je suggère que, tout comme nous maintenons une hygiène physique pour des raisons de santé, nous devons également cultiver une sorte d’hygiène émotionnelle.
« Illustrons ce point en pensant à la façon dont le fait de se laisser aller à la colère nous fait perdre la paix de notre esprit. On ne peut même pas profiter de la nourriture. On peut même se blesser soi-même. Au lieu de cela, il vaudrait mieux éviter ou se débarrasser de la colère en entraînant notre esprit. »
Sa Sainteté expliqua qu’il fut un temps où les scientifiques ne parlaient que du fonctionnement du cerveau. Maintenant, un plus grand nombre d’entre eux reconnaissent le rôle de l’esprit, le fait que l’esprit peut être entraîné et que lorsque l’esprit est entraîné, cela affecte la neuroplasticité, ce qui est indiqué par des transformations observables dans le cerveau.
« C’ee que je veux partager avec vous, conclut Sa Sainteté. Grâce à vos études, vous avez obtenu vos diplômes, pour lesquels je tiens à vous féliciter. Mais cette accomplissement seul ne vous apportera pas la paix intérieure. Pour découvrir cela, je vous exhorte à accorder plus d’attention à la psychologie indienne ancestrale. C’est l’un des domaines dans lesquels l’Inde peut contribuer à créer un monde plus compatissant ».
Alors que les applaudissements s’apaisaient, le directeur de LBSIM Srivastava présenta à Sa Sainteté un souvenir de sa visite. En exprimant son admiration pour Lal Bahadur Shastri et son regret de sa disparition prématurée, Sa Sainteté déclara : « Bien qu’il ne soit plus physiquement parmi nous, nous gardons son esprit vivant.
Après une série de photographies de groupes de diplômés rassemblés sur la scène derrière l’invité principal et le conseil d’administration, tous furent ajournés pour le déjeuner, après quoi Sa Sainteté retourna à son hôtel.