Mathura, Inde
Après avoir quitté Delhi tôt ce matin, Sa Sainteté le Dalaï-Lama se rendit à la ville de Mathura, située sur les rives du fleuve Yamuna, où il était l'invité du Maharaj Swami Karshni Gurusharanandaji. À son arrivée à l'ashram Shri Udasin Karshni, le personnel de l'ashram l’accueillit et l’escorta à sa chambre, où il fut rejoint par Maharaj- dji.
Après un bref repos, Sa Sainteté se rendit au temple principal de Krishna pour lui rendre hommage. Maharaj-dji l'accompagna jusqu'à un siège sur l'estrade et, en signe de respect, convia les prêtres du temple à effectuer une ablution rituelle, celle-ci consistant à laver les pieds de Sa Sainteté avec du lait, du yogourt, du safran, du ghee et du santal. S’en suivit la récitation d'une offrande au maître spirituel et autres offrandes faites à Sa Sainteté, dont des récitations extraites des Quatre Védas.
S'adressant à l’assemblée, Sa Sainteté leur dit combien il était ému d'écouter les chants sonores en sanskrit.
« Quand j'étais jeune, j'ai étudié le sanskrit par le manuel de Kalapa, mais j'ai trouvé cela très difficile. La plus ancienne tradition philosophique de l'Inde, l'école de Samkhya, utilisait le sanskrit, tout comme les traditions jaïniste et bouddhiste par la suite. La littérature bouddhiste fut enregistrée à la fois en pali et en sanskrit, mais les maîtres de l'Université de Nalanda, tels que Nagarjouna, Asanga et Buddhapalita, ont tous écrit en sanskrit. Les érudits d'aujourd'hui m'ont en effet affirmé que l'écriture du 'Mulamadhyamikakarika' de Nagarjouna et du 'Pramanavartika' de Dharmakirti était de la plus haute qualité. Au Tibet, l'étude du sanskrit et de la grammaire faisait partie des cinq grandes sciences que nous avons promues. Ainsi, nous portons la plus grande estime au sanskrit. Je tiens à vous remercier pour vos belles récitations.
« Au cœur même de l'ancienne tradition indienne, on trouvait " la pratique de l'ahimsa ", une conduite non-violente motivée par " karuna ", la compassion, des notions qui sont encore tout à fait d’actualité, non seulement en Inde, mais dans le monde entier. Je pense que c'est par ces facteurs que l'Inde est aussi depuis longtemps un exemple de tolérance religieuse, encore une chose dont le monde pourrait tirer des leçons. Je suis également convaincu qu’en même temps qu’ils étudient des sujets modernes tels que la science et la technologie, les Indiens devraient s'efforcer de préserver la connaissance du fonctionnement de l'esprit et des émotions, développée ici dans les temps anciens car elle peut être utile aux 7 milliards d'êtres humains vivants aujourd'hui, qu'ils soient religieux ou non. »
Sa Sainteté mentionna le rapport des scientifiques qu'il est dans la nature humaine fondamentale d'être compatissant. Cependant, l'éducation devrait accorder plus d'attention à son développement et à son extension. Il souligna l’importance de former les élèves, de la maternelle à l'université, à l’hygiène émotionnelle, à la capacité de faire face à leurs émotions perturbatrices et à réaliser la paix de l'esprit. Il exprima son entière confiance dans les efforts fournis par Maharaj-dji et les membres de son ashram pour préserver de telles traditions.
Sa Sainteté rejoignit Maharaj-dji et les moines de l'ashram qui étaient assis sur le sol pour le déjeuner. Les élèves de l'ashram ont chanté de magnifiques vers pendant le repas qui était servi de façon traditionnelle sur des feuilles et dans des bols en terre cuite.
De retour dans sa chambre après le déjeuner, Sa Sainteté eut une brève discussion avec Maharaj-dji à propos du programme du lendemain, discussion au cours de laquelle il exprima l'espoir de pouvoir passer du temps à méditer ensemble dans la matinée.