Thekchen Choling, Dharamsala, Inde, le 30 mai 2018
Sa Sainteté le Dalaï-Lama rencontra 500 Tibétains de différentes parties du monde et 170 Tibétains de diverses colonies en Inde et au Népal dans la cour du temple principal ce matin. Ils se sont retrouvés à Dharamsala pour participer à une conférence internationale sur l'approche de la voie du milieu.
"Depuis que j'ai formulé l'approche de la voie du milieu, leur dit Sa Sainteté, je me sens responsable de l'expliquer."
Il raconta ses premières expériences avec le monde extérieur, y compris la Chine, à partir des années 1950. Ensuite, il évoqua ses premières rencontres avec le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru :
"Je l'ai rencontré pour la première fois en 1954 à Pékin, puis de nouveau en 1956 lorsque j'ai été invité à assister aux 2500èmes célébrations du Bouddha Jayanti en Inde. A cette époque, les communistes chinois avaient déjà commencé leur répression brutale au Tibet. Par conséquent, mes ministres, ainsi que mes frères, s'opposaient totalement à mon retour au Tibet. Ils ont cherché à me persuader de rester en Inde. J'en ai discuté avec Nehru, qui m'a conseillé de retourner au Tibet. Il a souligné certains points de l'accord en dix-sept points qu'il estimait que nous pouvions encore négocier avec les Chinois. Il m'a recommandé d'essayer de le faire au Tibet.
"Cependant, une fois rentré, la situation dans notre pays a continué à se détériorer, jusqu'au point où j'ai dû m'échapper. Néanmoins, l'un des avantages de mon retour au Tibet est que j'ai pu y passer mes examens de guéshé Lharampa".
Après avoir raconté ses tentatives infructueuses de négocier avec les autorités chinoises, Sa Sainteté a décrit la vie des Tibétains réfugiés en Inde.
Une fois installés dans la liberté et la sécurité de l'Inde, Sa Sainteté et ses anciens ministres ont fait tous les efforts possibles pour soulever la question du Tibet aux Nations Unies.
"Bien que les résolutions adoptées par l'ONU n'aient donné aucun résultat concret au Tibet, la deuxième résolution affirmait le " droit du peuple tibétain à l'autodétermination ".
"Nehru a indiqué que la meilleure façon de résoudre le problème tibétain serait de traiter directement avec la Chine. Il a en outre recommandé que la véritable façon de maintenir la question tibétaine en vie était d'éduquer nos jeunes".
Sa Sainteté a expliqué qu'il avait commencé à réfléchir à l'approche de la voie du milieu en 1974, avec des idées qui ont ouvert la voie à la rencontre de son frère aîné avec Deng Xiaoping.
"Au cours d'une réunion de deux heures entre Deng Xiaoping et mon frère aîné en 1978, Deng Xiaoping lui a dit qu'en dehors de l'indépendance, tout le reste pouvait être discuté. Parce qu'il avait entendu dire que plusieurs milliers d'enfants tibétains recevaient une éducation moderne en Inde, il a même demandé que nous envoyions certains d'entre eux au Tibet, où il y avait un besoin urgent de traducteurs anglais".
Sa Sainteté souligna ensuite l'importance de maintenir en vie les traditions bouddhistes tibétaines en raison de leur approche unique et scientifique de la réalité. Il ajouta que le maintien d'une connaissance pratique du tibétain littéraire était crucial à cet égard.
Réitérant son engagement à promouvoir l'idée de l'unité de l'humanité, Sa Sainteté demanda ce qu'il en serait si le peuple chinois n'était pas inclus. Il insista sur l'importance d'établir des relations amicales avec les Chinois, tout en maintenant l'unité tibétaine.
"Dans l'avenir, je crois que notre riche patrimoine religieux et culturel peut apporter une contribution significative et bénéfique au reste du monde. Par conséquent, nous devons travailler ensemble sans être distraits par les différences régionales ".
La réunion se termine après presque une heure lorsque Sa Sainteté retourna à sa résidence. Les membres de l'auditoire se dispersèrent avec des sourires sur leur visage et des pilules bénies et des cordons de protection dans leurs mains.