Thekchen Tcheuling, Dharamsala, Inde, le 10 mai 2025
Près de 500 artistes d'opéra tibétain et leurs supporters ont rencontré Sa Sainteté le Dalaï-Lama dans la cour du Tsuglagkhang aujourd'hui. Ils appartenaient à 14 groupes participant au Sho-ton (Sho-tön), le festival annuel d'opéra organisé par le L’Institut tibétain des arts du spectacle (TIPA). Chantant et dansant avec énergie de part et d'autre de l'allée traversant la cour, les danseurs Tashi Shölpa et Gyalu ont accueilli Sa Sainteté alors qu’il sortait de sa résidence. Sa Sainteté s'est dirigée d'un pas assuré vers son siège dans la véranda, sous le temple, sa main droite battant le rythme des tambours.
Dhondup Tsering, directeur du TIPA, offrit un mandala et des représentations du corps, de la parole et de l'esprit du Bouddha. Il présenta le rapport annuel du TIPA à Sa Sainteté et prononça un bref discours d'introduction.
« Depuis votre naissance au Tibet, l'enseignement s'est répandu dans le monde entier. Vous êtes le Grand compatissant, Avalokiteshvara, longue vie à vous. En cette année, qui marque votre 90ème anniversaire, nous aimerions vous offrir une série de chants tirés des opéras Lhamo. »
Chaque troupe d'opéra disposait de deux minutes pour interpréter un chant. À chaque passage, un chanteur se levait devant le micro et prenait la tête, sa voix planante et émouvante entraînant tout l'assemblée dans un chœur emplissant la cour de ces chants.
Les élèves du Village des enfants tibétains (TCV) de Chauntra offrirent un chant d’offrande d’encens, fabriqué à partir des genévriers qui poussent derrière le monastère, dont le parfum atteint les cieux. Les élèves du village de Upper, à Dharamsala, déclarèrent qu'ils chantaient pour montrer que le soleil à l'est brillera plus fort et que l'année à venir sera plus heureuse.
La chanson des élèves de la Tibetan Homes Foundation de Mussoorie soulignèrent la chance que nous avons que l'Omniscient soit assis sur le trône et qu'un soleil joyeux brille sur le monde. Les membres de la troupe de Kollegal présentèrent un bref aperçu de la vie du Bouddha. La troupe de Bylakuppé interpréta un extrait de l'opéra Lhamo Drowa Sangmo, qui raconte l'histoire de deux amis qui partagent et comparent leurs rêves.
Les artistes de Paonta chantèrent une courte prière pour la longue vie de Sa Sainteté, puis entonnèrent le chant du « Lion des neiges qui a depuis longtemps quitté ses montagnes natales ». Les membres de la troupe de Mundgod rendirent hommage à Sa Sainteté. Leur chant exprimait le souhait que les êtres des six royaumes de l'existence soient libérés de la souffrance et atteignent la libération. Le groupe de Bhandara répéta les vers sur l'Omniscient assis sur le trône et du soleil brillant sur le monde.
Les artistes de la troupe de Chaksampa, basée aux États-Unis, chantèrent un couplet louant la prosternation devant les lamas et les offrandes de chants aux sages.
Les membres de la troupe d'Odisha s’adressèrent à Sa Sainteté et proclamèrent :
« Vous êtes une émanation d'Avalokiteshvara, le chef du Tibet.
Que le soleil du bonheur brille et que vous viviez longtemps. »
Ils furent suivis par des chanteurs de Kalimpong.
La troupe de Mainpat souhaita bonne santé à Sa Sainteté et chanta les deux dernières lignes du verset de prière pour sa longue vie :
« Tenzin Gyatso, Seigneur Tchenrezig
Puissiez-vous vivre jusqu'à la fin du cycle de l'existence. »
Le couplet chanté par les artistes népalais rendit hommage aux lamas et aux Trois Joyaux. Enfin, les membres du TIPA souhaitèrent « Tashi Delek » à Sa Sainteté et chantèrent des paroles d'adieu en priant pour se revoir l'année prochaine.
« Vos chants et vos danses m'ont rappelé le temps où j'étais à Norbulingka », déclara Sa Sainteté à l'assemblée. « Vous m'avez rappelé des souvenirs très précis, lorsque je regardais, depuis ma chambre, les spectacles de Lhamo qui se tenaient à l’extérieur. J'imitais les mouvements des danseurs alors qu’ils se produisaient.
C'était une époque heureuse, mais tout a changé depuis. Cependant, notre esprit tibétain reste aussi solide qu'une montagne. Lorsque je me suis rendu en Chine à cette époque, j'ai eu le sentiment très fort que je venais du Pays des Neiges. C'est quelque chose que je ne peux oublier. Je porte le titre de Dalaï-Lama, qui indique la responsabilité que j'avais alors pour les affaires spirituelles et temporaires du Tibet.
Comme je l'ai dit, lorsque j'étais en Chine, j'ai pris conscience que j'étais Tibétain. Mao Zedong m'a complimenté, mais je n'ai pas essayé de le flatter, je l'ai observé attentivement. Il m'a dit que les Tibétains étaient un peuple fort, dévoué, sincère et stable. Je pense que ces qualités reflètent l'esprit inébranlable des Tibétains.
Sur le chemin de la Chine, je suis passé par Do-teu et Do-mé, où les gens ont exprimé leur respect et leur foi envers le Dalaï-Lama. Partout où je rencontrais des Tibétains, je leur enseignais. J'étais très ému d'avoir cette opportunité et les gens qui m'écoutaient versaient des larmes, reflétant le lien fort qui existe entre eux, l'enseignement et le Dalaï-Lama. Ce genre de dévouement existe depuis l'époque du roi Songtsen Gampo. Nous avons des liens particuliers avec les Chinois, mais en même temps, nous avons un fort sentiment d'identité tibétaine.
Notre dévouement à notre cause est fort et inébranlable, et nous retrouvons cet esprit, ce fort sentiment d'identité, chez tous les Tibétains, où qu'ils se trouvent, au Tibet, en Inde ou ailleurs.
Quelle que soit la situation actuelle, je suis convaincu que notre lutte aboutira finalement à un résultat positif.
En tant que détenteur du titre de Dalaï-Lama, je ne m'intéresse pas seulement aux affaires politiques, je tiens également compte de la psychologie. Ma pratique principale consiste à cultiver l'amour et la compassion, ainsi que la vue de la vacuité, mais mon esprit est également ouvert à la science, ce que le monde scientifique apprécie. Nous pouvons explorer la psychologie bouddhique, la compréhension du fonctionnement de l'esprit et des émotions, avec raison et logique. Par conséquent, lorsque Mao m'a fait des éloges, j'ai pu l'écouter et critiquer avec calme ses propos et ses opinions.
Les Tibétains des trois provinces ont conservé leur identité. Dans leur cœur, leur vision et leur conduite restent les mêmes. Comme eux, je suis déterminé à préserver notre esprit tibétain, ainsi que notre culture et notre religion. Nos explications de la Perfection de la Sagesse sont puissantes. La manière dont nous les examinons avec logique signifie qu'elles peuvent être comparées et combinées avec les études modernes.
Ce profond héritage nous a été transmis par les rois religieux. Nous avons préservé les traditions qu'ils ont introduites. Les pratiquants et les érudits tibétains les ont préservées. Et comme elles traitent de psychologie, elles sont intemporelles. C'est tout ce que j'ai à dire aujourd’hui. Tashi Delek. »
Tous les artistes Sho-ton se sont ensuite alignés pour passer devant Sa Sainteté et recevoir sa bénédiction. Ensuite, Sa Sainteté est montée dans une voiturette de golf pour retourner à sa résidence. Toute l'assemblée a chanté pour lui pendant qu'il passait :
« Tenzin Gyatso, Seigneur Tchenrezig
Puissiez-vous vivre jusqu'à la fin du cycle de l'existence. »
Ils concluèrent par une phrase exprimant leur joie de voir Sa Sainteté le Dalaï-Lama, puis continuèrent à chanter un temps.
]]>Ce matin, Sa Sainteté le Dalaï-Lama a écrit à Sa Sainteté le pape Léon XIV pour lui adresser ses salutations les plus chaleureuses à l'occasion de son élection à la tête de l'Église catholique romaine.
« Je suis très heureux d'avoir rencontré plusieurs de vos prédécesseurs et d'avoir eu des conversations amicales avec eux », a-t-il écrit. « Depuis plus de quatre décennies, j'ai également participé à des échanges significatifs avec des représentants de différentes traditions religieuses, parmi lesquels mes frères et sœurs chrétiens. Avec une ferme conviction en l'unité de l'humanité, je fais de la promotion de l'harmonie interreligieuse l'un des principaux engagements de ma vie. J'ai en effet été très ému de participer à la grande rencontre interreligieuse organisée par le pape Jean-Paul II à Assise en 1986.
À une époque où le monde est confronté à tant de défis, votre élection apporte un nouvel espoir non seulement pour la communauté catholique, mais aussi à toutes celles et ceux qui, partout dans le monde, aspirent à une vie plus heureuse dans un monde plus compatissant et plus pacifique. »
Sa Sainteté a conclu sa lettre en exprimant ses prières et ses meilleurs vœux.
]]>La pluie s'est arrêtée ce matin alors que Sa Sainteté le Dalaï-Lama se rendait au Tsuglagkhang, le Temple tibétain principal. Il était accompagné de représentants venus lui offrir leurs prières, tels que le monastère Shang Gaden Tcheukhorling au Népal, d'un groupe de la communauté Chatreng et de la communauté Phari, parmi lesquels Yangsi Rinpoché et Lobsang Nyandak. Sa Sainteté a souri et salué de la main les quelque 5 000 personnes présentes. Des danseurs Tashi Sheulpa ont dansé et chanté pour l'accueillir.
Sa Sainteté prit l’ascenseur pour se rendre au temple, puis s’arrêta pour observer et saluer les membres de l'assemblée. Elle entra ensuite dans le temple de Kalachakra pour voir le mandala de sable en cours de construction, en vue du rituel d’offrandes et des pratiques du Kalachakra qui auront lieu ce mois-ci.
Une fois que Sa Sainteté eut pris place sur le trône dans le temple, les prières commencèrent. La cérémonie d'aujourd'hui était fondée sur la Méthode pour accorder l'essence (de l'immortalité) fondée sur un rituel Amitayus du Grand Cinquième Dalaï-Lama. Elle était présidée par le vénérable Samdhong Rinpoché. À sa droite était assis l'abbé du monastère de Gyumé, tandis qu'à sa gauche se trouvaient l'abbé du monastère de Shang Gaden Tcheukhorling, ainsi que les jeunes réincarnations de Dromo Guéshé Rinpoché, Guéshé Lhundup Sopa et l'ancien abbé du monastère de Sé-Gyu.
Le rituel d’Amitayus comprenait ce refrain répété : « Le moment est venu, accordez-nous la réalisation spirituelle de la vie immortelle. » Après avoir brandi la flèche de longue vie avec sa bannière de soie, Samdhong Rinpoché la présenta à Sa Sainteté. Un grand gâteau rituel fut offert tandis que la prière de longue vie composée par Sa Sainteté à la demande de Dilgo Khyentsé Rinpoché fut chantée.
Une offrande de mandala représentant l'univers, ainsi que des représentations du corps, de la parole et de l'esprit - une statue, un texte sacré et un tcheurten - furent présentées à Sa Sainteté avec la demande qu'il reste parmi nous pendant des centaines d'éons, continuant à tourner la roue du Dharma. Cette offrande fut suivie par celles du nectar de longévité, des pilules de longue vie, des huit symboles auspicieux, des sept emblèmes royaux et des huit substances auspicieuses.
La prière pour la longue vie de Sa Sainteté, composée par Jamyang Khyentsé Chökyi Lodro et ses deux tuteurs, fut récitée. L'abbé du monastère de Shang Gaden Tcheukhorling offrit un mandala d'action de grâce. La cérémonie s’acheva par la récitation d'une Prière au Bouddha Amitayus, de la Prière pour l'épanouissement de l’enseignement, ainsi que des Versets auspicieux.
Sa Sainteté s'adressa à l'assemblée : « Ainsi, aujourd'hui, les membres du monastère de Shang Gaden Tcheukhorling, un groupe de la communauté de Chatreng, ainsi que la communauté de Phari ont offert ces prières pour ma longue vie. Votre dévouement et votre sincérité sont sans faille, je vous en remercie.
Je suis né à Kumbum, dans l'Amdo. J’ai ensuite vécu à Lhassa et, grâce à mon titre de Dalaï-Lama, j'ai pu apporter une contribution positive à l'enseignement et au bien-être des êtres. Les Chinois se méfiaient de moi, mais je me suis par la suite exilé en Inde. Partout dans ce grand pays, du nord au sud, d'est en ouest, des dizaines de milliers de personnes viennent me voir régulièrement. Les Indiens, qu'ils aient foi dans le Dharma du Bouddha ou non, apprécient ce que je fais. Ils sont ravis de me voir. Je pense donc que plus je vivrai, mieux je pourrai servir les êtres et le Dharma.
J'ai des liens solides et étroits avec les gens partout en Inde. En Chine, le bouddhisme gagne du terrain et je pense pouvoir contribuer à l'épanouissement de l'enseignement là-bas également. J'espère donc pouvoir aider les gens en partageant ce que le Bouddha a enseigné.
Étant né Tibétain et reconnu comme le Dalaï-Lama selon les indications données à la surface du lac oraculaire de Lhamo Latso, j'ai pu servir le Bouddha Dharma. Je crois que je pourrai servir le Dharma et rendre la bonté du Bouddha pendant encore plusieurs décennies. J'ai fait de mon mieux jusqu'à présent.
Je suis quelqu'un qui est venu de Siling et qui est arrivé à Lhassa avec le titre de Dalaï-Lama. Quand j'étais à Lhassa, assis sur un trône élevé, je n'avais pas beaucoup de contacts avec les autres, mais j'ai étudié et plus tard, j'ai passé des examens dans les Trois Grands Sièges d'apprentissage, Séra, Drépoung et Ganden. J'ai passé mon examen final au Jokhang à Lhassa pendant le Grand Festival de Prières. J'ai fait ce que j'ai pu et j'ai étudié de mon mieux. L'un de mes enseignants les plus importants était mon assistant de débat Ngodrup Tsognyi, qui était très bon avec moi. C'est tout ce que j'ai à dire aujourd’hui – Tashi Delek. »
Alors que Sa Sainteté quittait les lieux, les sympathisants, alignés le long du chemin pour la saluer, furent heureux d'attirer son attention. Sa Sainteté leur fit signe, un sourire joyeux sur le visage.
]]>Ce matin, Sa Sainteté le Dalaï-Lama a écrit à Friedrich Merz pour le féliciter de son élection au poste de chancelier de la République fédérale d'Allemagne.
« Depuis mon enfance, j'éprouve une affinité particulière pour le peuple allemand », a-t-il écrit. « Au fil des ans, j'ai visité votre pays à de nombreuses reprises et j'apprécie profondément le soutien que le peuple allemand a apporté à la lutte non violente pour obtenir la liberté et la dignité du peuple tibétain, ainsi que l'intérêt le peuple allemand porte à mes efforts pour promouvoir des valeurs humaines telles que la compassion, l'unité de l'humanité et l'harmonie interreligieuse.
Aujourd'hui, le monde est confronté à de nombreux défis. Je suis convaincu que vous saurez diriger avec compétence votre pays à travers ces moments difficiles. J'ajouterai que j'éprouve une profonde admiration pour l'esprit de l'Union européenne, qui met l'accent sur l'importance de l'intérêt collectif et du bien-être de tous ses membres. Je crois que cet esprit de coopération peut être une source d'inspiration pour d'autres et contribuer à une paix et une prospérité accrues dans le monde. »
Sa Sainteté a souhaité au chancelier beaucoup de succès dans la réalisation des espoirs et des aspirations du peuple allemand, ainsi que dans sa contribution à la création d'un monde plus compatissant et plus pacifique.
]]> Sa Sainteté le Dalaï-Lama a écrit ce matin à Anthony Albanese pour le féliciter de sa réélection au poste de Premier ministre, à la suite de la victoire de son parti aux élections législatives australiennes.
« Ce fut pour moi un privilège de pouvoir me rendre plusieurs fois en Australie au fil des ans », a-t-il écrit. « L'amitié et l'affection que m'ont témoignées mes frères et sœurs australiens m'ont profondément touché. Je me suis également senti encouragé par leur enthousiasme et leur intérêt pour mes efforts visant à promouvoir les valeurs humaines que sont l'amour bienveillant, la compassion, le sentiment d'unité de l'humanité et une plus grande harmonie interreligieuse.
Je profite de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude au gouvernement australien et à son peuple pour leur intérêt et leur soutien en faveur de la liberté et de la dignité du peuple tibétain.
Je vous souhaite plein succès dans les défis qui vous attendent pour répondre aux espoirs et aux aspirations du peuple australien. »
Sa Sainteté a conclu sa lettre en offrant ses prières et ses meilleurs vœux.
]]>Sa Sainteté le Dalaï-Lama a écrit à Mark Carney, Premier ministre du Canada, pour le féliciter de la victoire de son parti aux élections législatives.
« Au cours de mes différentes visites au Canada, écrit Sa Sainteté, j'ai été profondément touché par la chaleur de l'amitié et de l'affection que m'ont témoignées les Canadiens. Je considère également comme un grand privilège d'être moi-même citoyen d'honneur du Canada. Je suis un admirateur du Canada, une société multiculturelle qui jouit d'une démocratie dynamique.
Comme je l'ai déjà dit à vos prédécesseurs, je tiens à exprimer ma gratitude au gouvernement et au peuple canadiens pour leur soutien et leur aide constants au peuple tibétain.
Je vous souhaite plein succès dans la réalisation des espoirs et des aspirations du peuple canadien et dans votre contribution à la paix et à la stabilité mondiales. »
Sa Sainteté a conclu en offrant ses prières et ses meilleurs vœux.
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Sa Sainteté le Dalaï-Lama a écrit à Son Éminence Léopoldo Girelli, le nonce apostolique en Inde, pour exprimer sa tristesse à l'annonce du décès de Sa Sainteté le Pape François, offrant ses prières et ses condoléances à ses frères et sœurs spirituels ainsi qu'à ses disciples à travers le monde.
« Sa Sainteté le Pape François s'est consacré au service des autres », a-t-il ajouté, « révélant constamment par ses propres actions comment mener une vie simple mais pleine de sens. Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre est d'être des personnes chaleureuses, au service des autres où que ce soit et de quelque manière que ce soit. »
Sa Sainteté a conclu sa lettre en adressant toutes ses prières.
Une cérémonie commémorative est organisée par la communauté tibétaine au Tsouglagkhang, le Temple tibétain principal de Dharamsala.
]]>Ce matin, Sa Sainteté le Dalaï-Lama est passée de la porte de sa résidence à la véranda située sous le Tsouglagkhang, le Temple tibétain principal, en traversant la cour. Serkong Rinpoché, né dans la vallée de Spiti, ouvrait la marche, encens en main. Sa Sainteté s'est arrêtée pour bénir les divers objets, malas, bouteilles d'eau, images sacrées, disposés à cet effet sur plusieurs tables. Des femmes vêtues de leurs plus beaux habits traditionnels avaient formé une file le long de l'allée pour saluer Sa Sainteté, des pots de lait et de lait caillé à la main. Sa Sainteté a souri chaleureusement et salué les quelque 1300 personnes de tous âges originaires de Spiti, assises de part et d'autre de la cour.
Une fois que Sa Sainteté eut pris place, Serkong Rinpoché lui offrit un mandala et des représentations du corps, de la parole et de l’esprit du Bouddha. Il s’assit ensuite à la droite de Sa Sainteté, à côté d'un petit garçon, la réincarnation de l'ancien abbé de Tabo. Un groupe représentant les habitants de Spiti porta une série d'offrandes devant le trône. Toute l'assemblée récita la prière pour la longue vie de Sa Sainteté, composée par ses deux tuteurs, Ling Rinpoché et Trijang Rinpoché.
S'adressant aux moines et aux laïcs assis devant lui, Sa Sainteté commença :
« Mes amis du Dharma, ce que je veux vous dire, c'est que lorsque je me suis exilé en Inde, j'ai découvert qu'il y avait des communautés dans les régions du nord-ouest du pays qui plaçaient leur foi et leur confiance en moi. Les Tibétains ont une confiance dévouée en moi et vous, les habitants de Spiti et des régions frontalières, avez fait preuve d'un dévouement similaire et m'avez aidé dans la mesure de vos possibilités. Vous êtes loyaux et dévoués.
« Je porte le nom de Dalaï-Lama, ce qui en soi ne signifie pas grand-chose, mais depuis que j'ai été reconnu enfant, j'ai étudié La Conscience et la Connaissance (Tib. lo rig) et Les Signes et le Raisonnement (Tib. ta rig) — la logique et le raisonnement — ainsi que la Perfection de la Sagesse et la philosophie de la Voie Médiane. Puis sont venus Les Sujets de connaissance particuliers (Abhidharma), que j'ai trouvés difficiles parce qu'une grande partie de ce qu'ils contiennent ne peut être vérifiée. J'ai ensuite étudié le Vinaya, puis le Tantra.
« J'ai trouvé que le bouddhisme avait beaucoup à offrir en ce qui concerne la compréhension du fonctionnement de l'esprit et de la manière d'aborder nos émotions. Ma foi dans le Bouddha est fondée sur la compréhension de ce qu'il a enseigné. C'est pourquoi je médite sur l'esprit d'éveil de la bodhichitta et sur la vue de la vacuité tous les matins dès mon réveil.
« De plus, chaque fois que je le peux, je conseille aux gens d'être bons et d'expliquer comment les choses sont vides d'existence inhérente.
« En Chine, les gens ont la foi, mais ils n'étudient pas beaucoup. C'est pourquoi je pense que notre tradition tibétaine pourrait aider les Chinois intéressés à mieux comprendre le bouddhisme.
« Ceux d'entre vous qui s'intéressent à l'enseignement du Bouddha savent qu'il ne s'agit pas tant de prières et de récitations. Ce que nous devons faire, c'est étudier. Ensuite, lorsque nous comprenons comment fonctionne l'enseignement, nous avons une foi fondée sur la connaissance.
« Aujourd'hui, vous, les habitants de la vallée de Spiti, et en particulier de la région de Tabo, avez fait des prières pour que je vive longtemps. Je crois que l'efficacité de ces prières ne dépend pas du fait de les réciter pendant une semaine, mais du fait que vous fassiez ces prières du plus profond de votre cœur. Vous êtes venus jusqu’ici, où je vis, dans le but explicite de prier pour que je vive longtemps. Vous l'avez fait avec beaucoup d'affection et de respect et je vous en remercie ».
Sa Sainteté fit remarquer que les nombreuses personnes rassemblées devant elle lui avaient demandé si elle pouvait donner un bref enseignement. Elle rappela que le Bouddha, ému par la souffrance des autres, renonça à sa vie royale confortable et s'engagea dans des pratiques d’austérité à la recherche d'une solution. Finalement, il atteignit l'illumination à Bodhgaya, un accomplissement bien plus important que la simple satisfaction dans cette vie.
Sa Sainteté annonça qu'elle allait procéder à une brève cérémonie pour générer l'esprit d'éveil de la bodhichitta. Elle fit remarquer que les personnes qui se trouvaient devant elle s'étaient rassemblées en raison de leur foi infaillible et que le lien qui les unissait à lui était fort.
« Je suis un disciple du Bouddha, un moine bouddhiste. J'ai été ordonné novice, puis bhikshu (moine pleinement ordonné) devant la statue de Jowo à Lhassa. Je suis un disciple sincère du Bouddha, quelqu'un qui s'identifie fortement au fait d'être un moine bouddhiste. J'observe les trois types de vœux : les vœux de libération individuelle, les vœux de bodhisattva et les vœux tantriques.
« Il n'y a pas si longtemps, j'étais dans un temple où j'ai eu une vision du Bouddha devant moi. Il m'a fait signe et je me suis approché. Il semblait content de moi et m'a tapoté la tête. Je n'avais qu'un seul chocolat à lui offrir et il l'a accepté. Cependant, j'ai senti qu'en respectant les trois types de vœux et en enseignant aux autres, c’était là l’offrande de ma pratique au Bouddha.
« De même, vous avez fait ces prières pour ma longue vie, non par obligation, mais parce que vous souhaitez vraiment que je vive longtemps. C'est une véritable offrande de longue vie et je suis heureux de l'accepter.
« L'essence du Dharma est la bodhichitta et pour la générer maintenant, veuillez répéter ces lignes trois fois après moi :
Je prends refuge jusqu’à l’éveil,
En le Bouddha, le Dharma et en l'Assemblée suprême,
Afin d'atteindre mes objectifs et ceux des autres.
Je développe l'esprit d'éveil.
« Le Bouddha a expliqué que les choses apparaissent d'une certaine manière, mais qu'elles n'existent pas réellement de la façon dont elles apparaissent. Si vous analysez tout ce qui vous apparaît, vous constaterez qu'aucune d'entre elles n'existe en soi. Les choses n'existent pas par elles-mêmes, elles n'existent que par leur désignation.
« En me regardant, vous pouvez vous demander si le Dalaï-Lama est dans ma tête, mon front, le haut de mon corps, ou même mes jambes ? Rien de tout cela n'est le Dalaï-Lama. Il n'est ni les parties de son corps ni sa voix. Le Dalaï-Lama existe en dépendance de la désignation de ces parties. Le fait que les choses n'existent qu’en dépendance de leur désignation est l'enseignement le plus puissant du Bouddha. Cependant, nos esprits indisciplinés ont tendance à s'accrocher à l'idée que les choses existent telles qu'elles apparaissent.
« Si vous ne me trouvez pas parmi les parties de mon corps, cela signifie-t-il que je n'existe pas ? Non, mais l'analyse révèle que je n'existe qu'à titre de désignation. »
Sa Sainteté demanda ensuite à l'assemblée de répéter après lui les mantras du Bouddha, d'Avalokiteshvara, de Tara et de Padmasambhava.
Pour conclure la cérémonie de longue vie, un groupe de femmes de Tabo, portant chacune une cape verte de Spiti, chanta des vers de bon augure à Sa Sainteté, qui se tourna vers elles et les écouta attentivement. Sa Sainteté descendit ensuite s'asseoir au milieu de la foule, tandis que des photos étaient prises de tous les participants.
Enfin, Sa Sainteté prit l'ascenseur jusqu'au Temple principal où un groupe de moines appartenant au monastère de Namgyal effectuait des rituels invoquant Vajrakilaya ou Dorjé Phurba. Ils effectuaient ces rituels depuis plusieurs jours, ayant déjà créé un mandala et une série de gâteaux rituels, afin de consacrer des pilules qui seront ensuite mises à la disposition du public. Sa Sainteté s'assit sur une chaise devant le trône et participa aux récitations pendant environ un quart d'heure.
Sa Sainteté quitta ensuite le temple, prit l'ascenseur pour descendre dans la cour et se rendit à pied jusqu'à la voiturette électrique qui le ramena chez lui, en souriant et en saluant les membres de la foule sur son passage.
]]> C'est par une matinée radieuse que Sa Sainteté le Dalaï-Lama a été accueilli à la porte de sa résidence par Vén. Thuksey Rinpoché et d'autres personnes. Il s'est ensuite rendu en voiturette de golf au pied du Tsuglagkhang, le temple tibétain principal. L'allée au milieu de la cour était bordée de moines et de moniales qui l'ont salué. Sa Sainteté a été escortée par des moines jouant des cornes et portant une ombrelle cérémonielle. Il est monté dans un ascenseur jusqu'à l'étage principal et a fait le tour du temple de Kalachakra et du Tsuglagkhang avant d'entrer dans le temple principal et de s'asseoir sur le trône. Thuksey Rinpoché, qui présidait la cérémonie, a offert une écharpe de soie traditionnelle en guise de bienvenue.
La cérémonie d'aujourd'hui s’appuyait sur un rituel d'Amitayus intitulé Une vie, un vase. Parmi une assemblée estimée à 5000 personnes, le groupe Droukpa Kagyou de moines, de moniales et de tokdens — des moines qui passent leur vie en retraite solitaire — était composé d'un peu plus de 300 personnes. Tous étaient assis au milieu du temple. Les membres du Parlement tibétain en exil étaient assis sur le côté du temple, à la gauche de Sa Sainteté, tandis que les secrétaires de l'Administration centrale tibétaine étaient assis sur le côté à sa droite. Les Kalöns en exercice et les anciens Kalöns étaient assis à gauche du trône et, à droite, Trulshik Rinpoché, Gyutö Khensur, Segyu Khenpo, Tashi Lhunpo Khenpo et Drepung Loseling Khensur.
La cérémonie commença par la Prière des trois continuums, le chant étant dirigé par un maître de chant masculin et un maître de chant féminin, soutenus par le rythme régulier des cymbales, des cors et des tambours.
Du thé et du riz sucré furent servis à l'assemblée.
Une table fut dressée devant le trône, sur laquelle furent déposés cinq gâteaux rituels de couleur blanche, jaune, rouge, verte et bleue. Cinq moines habillés en dakinis (danseuses célestes) entrèrent dans le temple, vêtus de robes de brocart de soie très élaborées et coiffés de couronnes à cinq feuilles. Ils se rassemblèrent devant le trône et dansèrent. Le but de cette partie de la cérémonie était de détourner les dakinis de leur souhait d'emmener le Lama dans leurs terres pures. Après s'être vu offrir des versets et un gâteau rituel symbolisant une rançon, les dakinis encerclèrent, l'une après l'autre, le trône et quittèrent le temple.
Les prières se poursuivirent, avec des vers tels que Veuillez bénir le Lama pour qu'il vive longtemps, Puisse le Lama vive pendant 100 éons. La prière de Samanthabhadra en sept branches fut également récitée. Thuksey Rinpoché s'avança pour présenter à Sa Sainteté un chapeau rouge et bleu ressemblant à un béret, qui provient d'un épisode de la vie de Tsangpa Gyaré, fondateur de la lignée Drukpa. Sa Sainteté le mit sur sa tête.
Thuksey Rinpoché, Tulku Sangyé Dorjé et Gyarawa Rinpoché firent l'offrande d'un grand mandala à Sa Sainteté, qui fut suivi par des offrandes des représentations du corps, de la parole et de l'esprit du Bouddha, d'un vajra, d'une cloche, d'un damarou et d'un phurba, ainsi que d'autres symboles. Une procession de personnes portant des symboles de bon augure, des dons de livres, de tissus, de céréales, et d’autres offrandes, traversa le temple.
Des prières furent formulées pour la longue vie de Sa Sainteté par ces mots : « Il n'y a pas d'autre Terre Pure comme celle-ci, veuillez rester ici. Il n'y a pas d'autre trône comme celui-ci, aussi ferme que le Mont Mérou, veuillez rester parmi nous ».
À la fin de la cérémonie, Thuksey Rinpoché présenta à Sa Sainteté les huit substances auspicieuses, puis des pilules de longue vie et le nectar de longévité. Après avoir demandé l'indulgence pour toute erreur ou omission, la vertu du rituel fut dédiée afin que tous les êtres puissent compléter les deux accumulations de mérite et de sagesse de sorte qu'ils puissent atteindre les corps-de-bouddha. La Prière pour l'épanouissement du Dharma, composée par Sa Sainteté, a été récitée.
Sa Sainteté s'adressa à l'assemblée :
« Aujourd'hui, les membres de la tradition Droukpa Kagyou ont fait cette offrande de longue vie. En venant ici, je me suis senti heureux et curieusement ravi d'assister à cette cérémonie. Vous avez fait du bon travail en servant le Bouddhadharma et je me suis donc senti heureux d'être ici aujourd'hui. Lorsque nous prions pour que le Dharma s'épanouisse, il ne s'agit pas de construire des monastères et des temples, mais de notre propre pratique, de gagner en confiance dans notre pratique. La pratique n'est pas une question de développement externe. Elle implique l'étude du contenu des trois corbeilles, des trois recueils d'enseignements, et la réalisation de ceux-ci est ce que nous entendons par l'épanouissement du Dharma.
« Sous la direction de mes maîtres, j’ai étudié, je me suis engagé dans le débat et j'ai utilisé la logique. J'ai étudié la Perfection de la Sagesse, la Voie du Milieu et bien d’autres choses. Vous aussi, vous pouvez étudier le Dharma et vous sentir imprégné par l'enseignement. Cela vous rendra heureux. C'est ainsi que j'ai vécu ma vie. Vous pouvez vous aussi vous engager dans la pratique des trois entraînements. En outre, si vous pouvez aussi réfléchir à la signification de la vacuité jusqu'à ce que vous en ayez une sorte de sentiment, de goût, vous obtiendrez la paix de l'esprit.
« Surmonter les obstacles n'est pas nécessairement lié à quelque chose d'extérieur à nous. Si vous êtes capable de prendre en compte la pratique de la bodhichitta et de la vacuité, quelles que soient les difficultés que vous rencontrerez, vous ne vous sentirez pas découragé ou abattu, votre cœur sera rempli de joie.
« Lorsqu'il s'agit de préserver le Dharma, comme le firent les maîtres indiens qui sont connus sous le nom des Six Ornements et des Deux Suprêmes, alors nous sommes des disciples du Dharma, des disciples du Bouddha lui-même. L'activité d'illumination du Bouddha, en particulier son enseignement, peut être vue sous de nombreux angles. C'est une activité vaste et ouverte, et non quelque chose d'étroit et de limité.
« En ce qui concerne le Trésor des connaissances supérieures » (Abhidharmakosha) et sa description de la cosmologie, je ne sais pas ce que Vasubandhu dirait s'il était ici aujourd'hui (et capable d'apprendre de la science). Cependant, j'ai mémorisé L’Ornement des réalisations (Abhisamayalankara), S’Engager dans la Voie du milieu (Madhyamakavatara), le Commentaire sur la cognition valide (Pramanavartika). Ces ouvrages sont très bons, très utiles, en raison de leur analyse critique de la nature des choses.
« Lorsque les scientifiques modernes s'intéressent au fonctionnement de l'esprit et des émotions, ils se tournent vers nous pour savoir ce que nous avons à dire à ce sujet et ils apprécient. Ils ne s'intéressent pas à l'aspect religieux des enseignements du Bouddha, mais à la manière dont la science bouddhique explique le fonctionnement de l'esprit et des émotions. Nous avons des discussions importantes et significatives à ce sujet.
« En tant que disciples du Bouddha, nous devrions donc, nous aussi, apprendre à connaître l'esprit et les émotions. Du temps du Bouddha, il y avait une Sangha quadruple. Toute la communauté était imprégnée de calme et de paix. Si nous parvenons à reproduire cela, nous en bénéficierons et ce sera bon pour le Dharma dans son ensemble. Cela incitera les autres à être également pacifiques.
« En tant que disciple du Bouddha, dès que je me réveille le matin, je médite sur l'esprit d'éveil de la bodhichitta et sur la vue de la vacuité. Je trouve cela apaisant. Cela me donne la paix de l'esprit. Et quand je donne des enseignements tirés des Trois Corbeilles, les gens apprécient.
« Sans parler des vies passées et futures, j’essaie de dire aux gens comment développer la paix de l'esprit dans ce monde, ici et maintenant, en développant la compréhension de notre esprit et de nos émotions. Beaucoup de gens apprécient cela, en particulier les scientifiques modernes tels que les neuroscientifiques et les psychologues.
« Quand il s'agit du Dharma, vous devriez étudier et apprendre les enseignements puis développer l'expérience de ce que vous avez appris en vous-même pour pouvoir ensuite le partager avec les autres. » Une vague d'applaudissements traversa le temple.
« Je remercie la tradition Droukpa Kagyou d’avoir offert ces prières pour ma longue vie. Je fais de mon mieux avec un cœur sincère pour aider les autres. Il est certain que, lorsque nous faisons des prières, avec un cœur sincère et un dévouement au bien-être d’autrui, ces prières porteront leurs fruits. »
« Je présente mes condoléances aux familles de celles et ceux qui ont perdu des êtres chers et je prie pour toutes les personnes qui, en Birmanie et dans les pays voisins comme la Thaïlande, ont été touchés par cette tragédie », a-t-il écrit.
« En attendant, il est encourageant de savoir qu'en plus des agences de l'ONU, des pays comme l'Inde envoient de l'aide humanitaire pour soutenir les efforts de secours dans les zones touchées par le tremblement de terre.
En témoignage de ma solidarité avec le peuple Birman, j'ai demandé à la Fondation Gaden Phodrang du Dalaï-Lama d'offrir un don par les voies appropriées pour les efforts de sauvetage et de secours. »
Le message de Sa Sainteté s'est conclu par des prières.
]]>Ce matin, alors que le ciel était dégagé et que les sommets montagneux s’illuminaient sous les rayons du soleil, les moines et les sympathisants du monastère de Nechoung offrirent des prières pour la longue vie de Sa Sainteté le Dalaï-Lama. La cérémonie, présidée par Khochhen Rinpoché, le directeur du monastère de Mindrolling, se déroula dans l'une des salles de l'ancienne résidence de Sa Sainteté. Le son des cymbales, des tambours et des cors longs et courts annoncèrent l'arrivée de Sa Sainteté. Après avoir salué l'assemblée, Sa Sainteté prit place sur le trône. Khochhen Rinpoché lui offrit un katag, une écharpe de soie traditionnelle, en guise de bienvenue.
Les prières commencèrent par une invocation de Gourou Padmasambhava composée par Sa Sainteté et se poursuivirent par la prière de Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö pour la longue vie de Sa Sainteté.
Du thé et du riz sucré cérémoniels furent été servis.
Un mandala fut offert ainsi que des symboles du corps, de la parole et de l'esprit éveillé. Cinq moines représentant des dakinis, en costume de brocart et portant une couronne à cinq feuilles, entrèrent dans la salle en jouant du damarou (tambours) et des cloches. Ils se rassemblèrent devant le trône. Au fond de la salle se trouvait une statue réaliste à l'effigie de Sa Sainteté, debout, comme si Sa Sainteté s'apprêtait à partir, les paumes tournées vers l'extérieur en signe de protection.
Le maître de cérémonie et ses compagnons chantèrent aux dakinis, qui allaient emmener le lama dans leurs terres pures, que cette statue, ayant reçu toutes les bénédictions nécessaires, était plus précieuse à leurs yeux que le lama vivant et qu'elle devait être emmenée à sa place.
L'une après l'autre, les dakinis - Vajra-dakini, Ratna-dakini, Padma-dakini, Karma-dakini et Bouddha-dakini - quittèrent leur place devant le trône, sans se retourner, et se rassemblèrent autour de la statue. Puis elles quittèrent la salle en l’emportant.
L'oracle de Nechoung offrit à Sa Sainteté des symboles du corps, de la parole et de l'esprit du Bouddha. La prière de Jamyang Khyentsé Rinpoché pour la longue vie de Sa Sainteté fut offerte une fois de plus. Des demandes furent formulées pour que tous les aspects de la longévité et de la gloire de l'univers soient accordés au Lama. Des offrandes du vase de longévité, de pilules de longue vie et du nectar de longévité furent ensuite offerts.
Soudain, l’oracle de Nechoung, qui était assis au premier rang, face à Sa Sainteté, à gauche de Khochhen Rinpoché, entra spontanément en transe. Portant la coiffe d'un yogi, il s'approcha de Sa Sainteté et lui demanda de vivre longtemps pour le bien du Dharma et le bien-être des êtres sensibles. Après que l'oracle eut offert une écharpe de soie au maître de cérémonie, la transe se dissipa et l’oracle fut transporté hors de la salle.
Alors qu'une procession de personnes portant diverses offrandes traversait la salle, Khochhen Rinpoché offrit à Sa Sainteté les huit symboles auspicieux et les sept emblèmes royaux, lui faisant la requête de vivre longtemps et de continuer à enseigner. L’oracle de Nechoung revint et offrit à Sa Sainteté les huit substances auspicieuses.
La prière de Jamyang Khyentsé Rinpoché pour la longue vie de Sa Sainteté fut offerte une troisième fois. Ensuite, furent récitées une prière du Grand Dalaï-Lama, la Supplication des mots de vérité invoquant les Trois Joyaux, une prière de Gotsangpa et des versets de bon augure.
S'adressant à l'assemblée, Sa Sainteté se réjouit des bonnes prières offertes aujourd’hui, au cours de cette cérémonie pour sa longue vie.
« Je travaille dur pour assurer l'épanouissement des enseignements et le bien-être de tous les êtres, et je prie pour pouvoir continuer à le faire. Il y a maintenant des gens dans le monde entier qui s'intéressent à ce que le Bouddha a enseigné sur le fonctionnement de l'esprit et des émotions. Je continuerai à faire ce que je peux pour partager cette connaissance et assurer le confort et le bonheur des êtres. En attendant, je voudrais remercier toutes les personnes ici présentes qui appartiennent ou sont associées au monastère de Nechoung, pour avoir fait cette offrande de longue vie aujourd’hui. »
]]>Selon le calendrier tibétain, aujourd’hui, le quinzième jour de la nouvelle année du serpent de bois, marquait le Jour des Miracles. Ce jour spécial est l'occasion de célébrer les miracles accomplis par le Bouddha à Shravasti, en réponse à un défi lancé par six maîtres spirituels rivaux.
L'événement d'aujourd'hui faisait partie du Grand Festival de prières (le Mönlam Chenmo) établi par Djé Tsongkhapa au Jokhang de Lhassa en 1409. Au cours de son histoire, la célébration de cet événement a été perdue, mais elle a été relancée à l'époque de Gendun Gyatso, le Deuxième Dalaï-Lama, et a continué de perdurer jusqu'à aujourd'hui.
Chaque jour du festival était divisé en quatre sessions : une session de prières tôt le matin suivie d’une session d'enseignement, une session de prières à midi et une dernière l'après-midi. Pendant toute la durée des célébrations, la session d'enseignement était consacrée à la lecture des Contes de Jakata (Jatakamala) d'Aryashura, un récit poétique du IVe siècle relatant trente-quatre des plus célèbres vies antérieures du Bouddha. En ce quinzième jour du festival, jour de pleine lune, Tsongkhapa a également instauré une grande cérémonie publique pour générer la bodhichitta, l'aspiration à atteindre l'illumination pour le bénéfice de tous les êtres.
Le temps était doux aujourd’hui, et le soleil se reflétait sur les sommets himalayens. Le Tsuglagkhang, le temple tibétain principal, ainsi que sa cour, étaient remplis d'environ 6 000 personnes. Sa Sainteté le Dalaï-Lama franchit la porte de sa résidence en marchant d'un bon pas, escorté par des moines jouant de la corne à l'avant et un autre à l'arrière portant un parapluie cérémoniel jaune. Souriant en voyant tant de monde l'accueillir, Sa Sainteté s'arrêta pour saluer les gens de part et d’autre de l’allée.
Après que Sa Sainteté eut pris place sur le trône situé dans la véranda en contrebas du temple, le maître de chant dirigea une récitation rapide du Soutra du cœur, suivie de la prière de Trulshik Rinpoché relatant les incarnations d'Avalokiteshvara en Inde et au Tibet. Du thé et du riz sucré furent distribués et des versets d'offrande furent récités pour les bénir. Sikyong Penpa Tsering offrit à Sa Sainteté des représentations du corps, de la parole et de l'esprit du Bouddha, suivie d'une offrande de mandala. Plusieurs lamas éminents étaient assis près du trône, dont Thamthog Rinpoché, abbé du monastère de Namgyal, ainsi que Kundeling Tatsak Rinpoché, respectivement à gauche et à droite de Sa Sainteté.
« Aujourd'hui, nous sommes réunis pour le dernier jour du Grand Festival de prières », a déclaré Sa Sainteté à la foule. « Au Tibet, ce jour était traditionnellement le moment où les Guéshés Lharampas passaient leurs examens finaux. Des étudiants compétents des trois grands centres d'études, les monastères de Drépung, Séra et Ganden, les défiaient dans lors de débats. Je n'ai peut-être pas étudié autant que ces Guéshé, mais j'ai pu étudier et passer mes examens à Lhassa.
« À cette époque, j'ai fait des rêves étranges. Une fois, j'ai vu le Bouddha au centre de l'espace devant moi. Il me fit signe et je m’approchai de lui. Il semblait très content de moi, mais j'étais conscient de n'avoir rien d'autre à lui donner qu'un petit bonbon au chocolat, que je lui offris donc. Je pense que rêver ainsi du Bouddha montre que je suis un disciple sincère du Bouddha. J'ose même dire que je suis quelqu'un qui a délibérément pris naissance en tant que disciple du Bouddha.
« Nous avons perdu notre pays et nous vivons en exil ici en Inde et ailleurs. Ici et dans d'autres parties du monde, un intérêt croissant est né pour l'enseignement du Bouddha. J'ai pu discuter de l'enseignement du Bouddha avec des scientifiques et, lorsque je parle avec eux, j'ai l'impression d'être moi aussi un scientifique. Néanmoins, lorsque je parle avec des moines, je suis conscient d’être moine également.
« Avalokiteshvara est décrit comme ayant 1 000 yeux, ce que je n'ai pas, mais j'ai servi le Dharma au mieux de mes capacités. Je suis né dans les environs de Siling et j'ai reçu le nom de Lhamo Dondup, et la prédiction a été faite que l'on me découvrirait [en tant que réincarnation du précédent Dalaï-Lama] comme un garçon portant un nom de fille. Plus tard, j'ai été intronisé Dalaï-Lama. J'ai passé les examens pour devenir Guéshé Lharampa. En exil, j'ai servi le bouddhadharma et les êtres au mieux de mes capacités, et mes rêves m'ont indiqué que je pourrais vivre jusqu'à 110 ans ou plus. Pendant les années qui me restent à vivre, je suis déterminé à continuer à servir le Dharma et les êtres de mon mieux. Je suis ému par la prière que Djé Tsongkhapa a écrite à la fin de son Grand Traité sur les étapes progressives de la voie vers l’illumination.
Partout où l'enseignement du Bouddha ne s'est pas répandu
Et partout où il s'est répandu mais a décliné
Puissé-je, animé d'une grande compassion, élucider clairement
Ce trésor d'excellents bienfaits et de bonheur pour tous.
« Conformément à la tradition, je vais maintenant lire un extrait de l'un des contes de Jataka, qui racontent les vies antérieures du Bouddha. Dans cet extrait, le récit concerne une époque où le Bodhisattva était un marin sage et expérimenté ».
Sa Sainteté a commencé à lire le texte :
« Lorsqu’on demeure dans le Dharma, la vérité suffit à dissiper la destruction. Le Bodhisattva était un navigateur fort expérimenté, connu sous le nom de Suparaga ou « bon passage ». Dans sa vieillesse, des marchands de Bharukachehna, qui commerçaient avec le Pays de l'Or, l'invitèrent à naviguer avec eux. Suparaga répondit : « Je suis un vieil homme. Quelle aide pensez-vous que je puisse apporter ? Mon esprit vagabonde, mon corps est faible et j'ai presque perdu la vue. » Les marchands répliquèrent : « Nous vous voulons pour votre seule présence. » Par compassion, le Grand Être, bien que vieux et malade, monta à bord du navire.
Le navire traversa différentes mers, l'une plus agitée que l'autre. Les marchands étaient remplis de peur et de désespoir. À un moment, Suparaga, le Bodhisattva, les réconforta en disant : « Pour ceux qui veulent traverser le Grand Océan, de telles turbulences annonciatrices sont la règle. Pourquoi s'en étonner et devenir la proie de la peur et de l'émotion ? Les afflictions ne sont jamais vaincues par la tristesse et l'abattement. Celles et ceux qui sont assez intelligents pour faire ce qui doit être fait peuvent facilement surmonter toutes les difficultés. Courage ! »
Pourtant, la situation s’aggrava et l'équipage perdit le contrôle du navire. Les marchands se tournèrent à nouveau vers Suparaga pour lui demander son aide. « Toi qui as la capacité d'aider tous les êtres, qui as si souvent soulagé ceux qui étaient dans la détresse, le moment est venu d'utiliser ton pouvoir pour agir. Nous nous réfugions auprès de toi, car nous sommes dans une grande détresse et sans protection. »
C'est tout ce que Sa Sainteté a lu aujourd'hui.
La suite de l'histoire raconte comment le Bodhisattva jeta sa robe sur une épaule, s'agenouilla sur le pont du bateau et, s'inclinant, rendit un hommage sincère au Tathagata. Il dit aux marchands : « Vous, honorables marchands de mer, et vous, dieux du ciel et de l'océan, écoutez et soyez mes témoins. Depuis mon premier acte conscient, je ne me souviens pas d'avoir blessé un seul être vivant. Par le pouvoir de cet acte de vérité, par la force de ma réserve d'actions vertueuses, puisse ce navire faire demi-tour en toute sécurité sans tomber dans les antres de la mer ».
Et si grande était la puissance de sa vérité, si grande la splendeur de son mérite, que le courant et le vent changèrent de direction, faisant revenir le navire par où il était venu. En voyant le navire tourner, les marchands exultèrent d'admiration et de joie.
Aryashura, qui a compilé cette collection de contes de Jataka, commente : « Cette histoire démontre que lorsqu'on demeure dans le Dharma, le simple fait de dire la vérité suffit à dissiper les calamités. Elle montre également le grand avantage d'avoir des amis vertueux. Comme le dit le proverbe : « Ceux qui dépendent d'amis vertueux atteignent le bonheur ».
Sa Sainteté a continué par ces mots : « Je viens de l'Amdo, j'ai étudié et j'ai passé mes examens. Dans notre nouvelle situation d'exil, j'ai eu l'occasion de rencontrer des gens, des scientifiques en particulier, qui se sont intéressés à ce que le Bouddha avait à dire sur le fonctionnement de l'esprit et des émotions, en particulier sur la façon de traiter les afflictions mentales. Je pense que nos discussions ont été mutuellement bénéfiques. Ce qu'il faut retenir, c'est que si nous cultivons un cœur chaleureux, nous pourrons mener une vie pleine de sens.
« Dès que je me réveille le matin, je génère l'esprit d'éveil de la bodhichitta, l'aspiration à atteindre l'illumination pour aider tous les êtres, ainsi que la vue selon laquelle les choses n'existent pas telles qu'elles apparaissent. C'est ainsi que je commence chaque jour de ma vie.
« Cultiver l'esprit d'éveil nous aide à surmonter le désespoir. Il nous aide à nous sentir confiants de pouvoir travailler pour les êtres, jusqu’à la fin des temps et de l'espace. Mais pour cultiver l'esprit d'éveil, nous avons besoin de la vue pure selon laquelle les choses n'existent pas telles qu'elles apparaissent. Combiner la bodhichitta avec la vue de la vacuité est très puissant.
« Certaines personnes m'ont demandé de conduire la cérémonie pour cultiver l'esprit d'éveil de la bodhichitta. Il existe de nombreuses façons de le faire. En l'occurrence, je vais vous demander de répéter ces versets du chapitre III de le L’Engagement dans la conduite du bodhisattva de Shantideva ».
Comme tous les bouddhas du passé
Ont fait naître l'esprit d’éveil,
Ont vécu et se sont entraînés pas à pas
Dans les préceptes des bodhisattvas, 3/23
De même, pour le bien des êtres,
Je ferai naître l'esprit d’éveil,
Et dans ces préceptes, pas à pas,
Je demeurerai et m'entraînerai. 3/24
Aujourd'hui, ma vie a porté ses fruits.
J’ai obtenu une bonne renaissance humaine.
Dès maintenant, je prends naissance dans la lignée du Bouddha,
Je suis devenu l'enfant et l'héritier du Bouddha. 3/26
J'entreprendrai donc de toutes les manières
Les activités qui conviennent à un tel rang.
Et je ne ferai rien qui puisse entacher
Ou compromettre cette haute et irréprochable lignée. 3/27
Une fois que l'assemblée eut répété ces mots après lui, Sa Sainteté conclut : « C'est tout, nous avons terminé ! »
Le maître de chant dirigea le chant des versets de bon augure. Sa Sainteté se leva et redescendit l'allée, arborant un sourire radieux et saluant les gens de part et d'autre sur son passage. Arrivée à la porte, elle monta dans une voiturette électrique qui la ramena à sa résidence.
]]>Aujourd'hui, premier « mercredi auspicieux » de la nouvelle année du serpent de bois, les moines et anciens moines du monastère de Namgyal ainsi que le personnel du Gaden Phodrang, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, ont offert à Sa Sainteté le Dalaï-Lama des prières pour sa longue vie. La cérémonie s'est déroulée dans le temple de l'ancien palais résidentiel de Sa Sainteté. Lorsque Sa Sainteté est entrée dans le bâtiment, le professeur Samdhong Rinpoché et l'abbé du monastère de Namgyal étaient présents pour l'accueillir. La cérémonie d'aujourd'hui était fondée sur le rite « Accorder l'essence de l'immortalité » composé par le Cinquième Dalaï-Lama à la suite d'une vision qu'il eut de Gourou Padmasambhava sous la forme d'Amitayus. L'abbé du monastère de Namgyal, Thamthog Rinpoché, a présidé le rituel.
Le professeur Samdhong Rinpoché a offert un mandala d'action de grâce et a présenté des représentations du corps, de la parole et de l'esprit illuminés. Sa Sainteté s'est ensuite adressée à l'assemblée.
« Aujourd'hui, le bureau du Gaden Phodrang, ainsi que les moines et anciens moines du monastère de Namgyal, ont offert ces prières pour ma longue vie. Vous l'avez fait avec une foi inébranlable, en reconnaissance du lien spirituel qui vous unit à moi. Comme vous avez pu le constater, j'ai été en mesure d'apporter un grand bénéfice aux peuples du monde. En outre, j'ai le sentiment d'avoir pu aider les Tibétains, tant au Tibet qu'en exil, grâce aux conseils et aux instructions que j'ai donnés en toute sincérité.
« Jusqu'à présent, j'ai aspiré avec ferveur à faire de mon mieux pour le bien du monde. J'ai sincèrement donné des conférences avec l'intention d'aider les gens, qu'ils soient religieux ou non. Des personnes qui n'ont pas d'engagement religieux en tant que tel se sont intéressées à ce que j'avais à dire. J'ai parlé non pas tant pour faire l'éloge de la religion, mais pour aider les gens à se sentir en paix avec eux-mêmes et désireux d'aider les autres et, en fin de compte, de créer la paix dans le monde.
« J'ai partagé mes réflexions sur la paix intérieure dans différentes parties du monde, en particulier en ce qui concerne nos émotions et le fonctionnement de notre esprit tel qu'il est décrit dans la psychologie bouddhique. Sur la base de ce que j'ai appris sur la science bouddhique de l'esprit, j'ai discuté avec des scientifiques modernes. Nombre d'entre eux souhaitent en savoir plus sur l'esprit et sur la manière dont nous pouvons nous attaquer à nos émotions négatives pour atteindre la paix intérieure. Des personnes instruites ont prêté attention à ce que j'avais à dire. J'ai partagé ma compréhension du fonctionnement de notre esprit et de nos émotions en termes scientifiques. Lorsque j'interagis avec des scientifiques, j'ai l'impression d'être un scientifique à mon tour.
« Les universitaires et les scientifiques ont trouvé ce que j'avais à dire utile. J'ai fait de mon mieux pour aider le monde en m'appuyant sur la profonde tradition que nous avons préservée au Tibet. Il s'agit d'une tradition qui ne repose pas uniquement sur la foi, mais sur la raison et la logique. Elle nous permet de faire bon usage de notre esprit. C'est une caractéristique particulière de notre héritage tibétain, qui nous permet d'utiliser au mieux notre intelligence. Cette précieuse tradition qui est la nôtre peut apporter une aide réelle aux gens.
« Depuis mon enfance, j'étudie l'esprit et la conscience dans le contexte de la logique. J'ai exploré en profondeur le « Trésor des connaissances supérieures » (Abhidharmakosha), qui décrit la cosmologie, la formation du monde, etc. en des termes qui peuvent ne pas correspondre aux vues empiriques actuelles. Ces descriptions peuvent être assimilées à des légendes. Cependant, les livres sur la perfection de la sagesse, la philosophie de la voie du milieu (Madhyamika), la logique et l'épistémologie contiennent des connaissances solides sur le fonctionnement de l'esprit et des émotions. Nous pouvons les partager avec les peuples du monde, sans avoir à toucher à la religion en tant que telle, afin d'encourager l'obtention de la paix de l'esprit et de surmonter les afflictions mentales. Cette tradition spirituelle que nous défendons est incroyable.
« Aujourd'hui, vous m'offrez ces prières pour ma longue vie. Je sens qu'il me reste encore beaucoup d'années à vivre. J'espère pouvoir continuer à aider les peuples du monde, en particulier ceux de Chine, où l'enseignement du Bouddha suscite un intérêt croissant. J'ai beaucoup d'amis parmi eux qui apprécient ce que j'ai à dire et je souhaite les aider.
« J'aimerais vous remercier tous de m'avoir offert cette cérémonie de longue vie.
Le maître de chant a alors commencé à réciter la dernière prière, les « Paroles de vérité ». Sa Sainteté s'est levée de son siège et a été escortée jusqu'à sa résidence.
]]>Ce matin, les moines s’étaient rassemblés dans le temple du Collège tantrique de Gyumé en entonnant le mantra du nom de Sa Sainteté le Dalaï Lama : Om Ah Guru Vajradhara Bhattaraka Manjushri Vagindra Sumati Jnana Shasana Dhara Samudra Shri Bhadra Sarva Siddhi Hum Hum. Lorsque Sa Sainteté entra dans le temple et se dirigea vers le trône, ils commencèrent à chanter le verset de Mig-tsé-ma à la gloire de Djé Tsongkhapa.
La cérémonie commença par l'offrande d'une khata (une écharpe de soie) par l'abbé du monastère, Guéshé Ngawang Sangyé. Ce dernier la déposa avec attention sur la table devant le trône de Sa Sainteté avant de s'asseoir. Le maître de chant dirigea la récitation de la louange à Jetsun Shérab Sengué.
Pour commencer, le Collège tantrique de Gyumé remit à Sa Sainteté — que les moines considèrent comme leur maître et le gardien des traditions des enseignements et des pratiques de Gyumé Dratsang — un prix de « Maître de la tradition des soutras et des tantras du Collège tantrique de Gyumé », sous la forme d'une roue flamboyante faite d'or et d'argent. Ce prix fut décerné avec la dédicace suivante :
« Depuis le rétablissement de ce monastère en exil, Votre Sainteté a bien voulu s'occuper de nous. Vous avez non seulement encouragé l'étude et la pratique de notre programme traditionnel, mais vous nous avez également incités à mieux nous familiariser avec la science moderne.
« Votre Sainteté a donné des enseignements sur les trois principales pratiques tantriques Guélougpa de Gouhyasamaja, Héruka Chakrasamvara et Yamantaka, les Quatre Classes de Tantra, les Quatre Fondements de la pleine conscience ainsi que d'autres sujets. Il nous est impossible de vous rendre ne serait-ce qu'une infime partie de votre bonté. Vous nous avez également donné des enseignements profonds et des instructions fondamentales concernant le Collège tantrique de Gyumé. Les soins que vous nous avez prodigués sont comparables à ceux d'une mère qui s'occupe de son enfant. En cela, nous, les moines du Collège tantrique de Gyumé, vous remettons ce prix en reconnaissance de notre maître. »
Vint ensuite un verset, que Sa Sainteté a composé à la demande du monastère, et qui sera inclus dans la prière de la lignée du monastère :
Je fais des supplications à vos pieds, ô Tenzin Gyatso
Détenteur inégalé du Lotus,
Qui révèle l'excellente voie du Roi des Tantras, Gouhyasamaja,
Le joyau précieux le plus sublime des trois mondes de l'existence.
Alors que l'abbé de Gyumé offrait à Sa Sainteté un coussin marqué d'un vajra croisé, ce verset fut prononcé :
Que tous les êtres atteignent l’Éveil
et acquièrent rapidement ces trônes :
Le trône de l’éléphant, symbolisant la possession des dix pouvoirs,
Le trône du lion, symbolisant l’intrépidité,
Le trône du cheval indiquant la rapidité,
Le trône du paon, qui symbolise la possession des dix pouvoirs d’assujettissement,
Le trône du garuda, représentant la capacité sans entrave,
Le trône de joyaux, source d'accomplissement des souhaits,
Le trône du lotus, qui représente l'absence de défauts,
Le trône du soleil et de la lune,
et de la claire-lumière naturelle.
Om siddhi raja yé svaha
Khédup Djé a ensuite récité des vers à la gloire de Djé Tsongkhapa, intitulé Le plus glorieux des trois mondes. Vient ensuite un Éloge du Bouddha - Le Lion sans égal des Shakyas, qui commence ainsi :
Indra, roi des dieux,
Son ennemi, le chef des Asuras,
Pramudita, roi musicien céleste,
Les rois des nagas et les grands rishis
Ornent vos pieds de lotus avec les joyaux de leurs couronnes.
Votre corps glorieux baigne dans la splendeur de son éclat d’or,
Doté d’une voix qui n'a rien à envier aux mélodies des musiciens célestes,
L’esprit plus brillant que dix millions de soleils,
Guide suprême pour une infinité d'êtres vivants,
Vous êtes le parangon des Shakyas.
La lune et les étoiles dans une nuit sans nuage
Apparaissent cristallines au milieu d'un lac,
Ainsi dans les eaux claires de mon esprit serein
Vos qualités se reflètent une à une.
Et se termine :
On ne peut trouver dans vos actes
La moindre trace de négligence ou d'indifférence
À l'égard d'un seul disciple.
C'est donc par mes seules fautes,
Que je suis devenu si malheureux,
Car aucun défaut ne saurai vous appartenir.
C'est pourquoi, jusqu'à ce que sous l'arbre de la bodhi
J'émerge victorieux des armées de Mara,
Je prie pour que vous preniez soin de moi vie après vie
Et de ne jamais me lasser de vos paroles semblables à du nectar.
Du thé fut distribué, offert et béni avec des vers composés par Gendun Gyatso, le deuxième Dalaï Lama :
Le Prince de Suddhodana, guide inégalé des êtres,
Manjushri, le maître de la sagesse,
Et Ajita (Maitreya), le maître de l'amour et de la compassion
Je vous prie, bénissez-moi.
L'émanation du Seigneur Amitabha, l'omniscient Dipankara
Qui fut le joyau de la couronne en ces temps dégénérés,
Le conquérant Dromtönpa, l'émanation du Seigneur Avalokiteshvara,
Veuillez accepter cette offrande de nectar non contaminé.
Tsongkhapa, émanation de Manjushri,
L'unique père de tous les bouddhas
Soyez pleinement satisfait du nectar de grande félicité
S'écoulant des nuages projetés par vos bénédictions compatissantes.
Manjushri, seule et unique source des bouddhas,
Mon refuge éternel,
Je vous prie de résider dans le lotus de mon cœur
Acceptez ces incommensurables offrandes d’ambroisie.
Mon propre corps étant de la nature de la déité,
Bien que ne s’attachant pas au nectar aux cent saveurs.
Quelle grande félicité que celle dont je jouis sans entrave !
Emaho ! Comme c'est merveilleux ! Comme c’est précieux !
Du riz fut distribué et une prière invoquant les multiples manifestations d'Avalokiteshvara (Chenrezig), en Inde et au Tibet, ainsi que les rois, les érudits, les traducteurs et les êtres éminents tels que Drontönpa, Sachen Kunga Nyingpo, Sangyé Gompa, sans oublier Gendun Drup et la lignée des Dalaï Lamas, fut prononcée. Ensuite, un verset faisant l'éloge de Sa Sainteté l'actuel Dalaï Lama fut récité :
Ayant parfait le discours de l'Héroïque Manjushri,
Votre excellente sagesse, aussi vaste que l'océan,
Soutient l'enseignement du Vainqueur.
Vous êtes le protecteur souverain du triple monde ;
Ô Seigneur incomparable, je vous prie !
Une longue offrande de mandala fut exécutée pour demander à Sa Sainteté le Dalaï Lama de vivre longtemps, suivie d'une récitation de la prière pour la longue vie de Sa Sainteté composée par ses deux tuteurs. Une offrande de Tsog appelée Tsarou Ganachakra fut bénie selon le système tantrique de Gouhyasamaja et offerte dans le contexte du tantra de Gouhyasamaja.
Sa Sainteté s'adressa à l'assemblée :
« Puisque cette prière pour ma longue vie se tient ici, au Collège tantrique de Gyumé, je vais transmettre aux lamas de la lignée un verset à inclure dans la prière, comme on me l'a demandé.
« L'enseignement complet du Bouddha s'est répandu au Tibet. Il a ainsi été pratiqué sans interruption dans sa transmission jusqu’à aujourd’hui. Les collèges tantriques de la tradition Guéloug en particulier l'ont préservé.
« En ce qui me concerne, après avoir reçu des enseignements, je me suis vraiment intéressé à l'étude intensive du tantra de Gouhyasamaja sur la base des écrits de Djé Tsongkhapa.
« Dans les collèges tantriques de Gyutö et de Gyumé, l'étude du Gouhyasamaja fait partie du programme d'études standard, ce qui a permis de maintenir cette tradition vivante jusqu'à aujourd'hui.
« On m'a demandé d'assurer aujourd’hui la transmission orale d'un texte intitulé Une instruction guidée directe sur la façon de pratiquer les cinq étapes du Gouhyasamaja en une seule session. Après une salutation au Maître du tantra de Gouhyasamaja, inséparable de votre propre Lama, ainsi que son engagement de composer le texte, l'auteur donne deux divisions majeures de l'enseignement :
(1) Les pratiques préliminaires et (2) la pratique réelle (des cinq étapes du stade de complétude du Gouhyasamaja).
1. Les pratiques préliminaires comportent deux parties :
1a) La purification des négativités, des karmas et des obstacles (à la pratique réelle) par la méditation et la récitation de la sadhana de Vajrasattva
1b) Réunir les conditions propices à l’accumulation de mérites par la pratique du Yoga du maître. »
Aujourd'hui, Sa Sainteté a abordé la section 1a). Il a expliqué comment purifier les négativités par la méditation de Vajrasattva et la récitation de son mantra de 100 syllabes. La deuxième partie des pratiques préliminaires et le reste du texte n'ont pas été abordés lors de cette visite au monastère de Gyumé.
Sa Sainteté a souligné l'importance de méditer sur la vacuité imprégnée de bodhichitta.
« Quel que soit l'objet sur lequel vous méditez, vous devez penser qu'il est vide d'existence inhérente. Cela inclut vous-même et tout le reste, vos amis et ainsi de suite. Vous devez avoir l'intention pure et compatissante d'aider tous les êtres sensibles, de purifier les négativités, de méditer sur la vacuité et de vous engager dans la pratique du yoga de la déité.
« Nous récitons ces sadhanas tous les jours. La chose importante à garder à l'esprit est que le but de la pratique de la sadhana est d'intégrer la pratique à l'intérieur de soi. Autrement dit, nous devrions faire n'importe quelle pratique avec un cœur sincère. Si nous ne réfléchissons pas sérieusement à la manière dont nous pratiquons, cela devient simplement une autre routine. C'est tout ce que je voulais dire aujourd’hui. » Les paroles de Sa Sainteté ont été applaudies par l’assemblée.
Un mandala d'action de grâce fut offert, suivi de la prière pour la longue vie de Sa Sainteté en un seul verset :
Dans le pays des neiges
Vous êtes la source de tout bienfait et de tout bonheur ;
Avalokiteshvara tout-puissant, Tenzin Gyatso,
Veuillez demeurer jusqu'à la fin de l'existence cyclique.
Enfin, après la récitation de la Louange d'Amitayus et de la Prière pour l'épanouissement de l'enseignement, les Versets auspicieux du tantra de Gouhyasamaja furent récités.
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